« À 18 ans, on se fout de la mort », vient d’écrire Pascal Bertin dans Au nom du pire, son histoire de l’ex-Silver Jews, David Berman, parue chez l’éditeur bordelais Le Gospel. « On se fout de ce qu’en disent ses parents, on se fout des rides qui les préoccupent. On ne connaît pas forcément le deuil. À 50 ans, on commence à comprendre ce dont ils parlaient à l’époque. On se retrouve à leur place, devant son propre miroir, toujours plus net et pas disposé à faire le moindre cadeau. » Face au miroir et face à l’agenda concerts implacable dont le doigt nous menace et nous dit : « Souviens-toi ! » (« Le jour décroît ; la nuit augmente, souviens-toi ! »), voici une sélection de sorties amplifiées pour lecteurs (« mon semblable, mon frère ») plus proches du demi-siècle que d’une laborieuse sortie de l’adolescence.

Pain industriel


Apparu comme de l’humus sur une nature morte, le projet collaboratif Pain Magazine réunit le trio post hardcore français Birds in Row et le duo franco-américain de techno industrielle Maelstrom & Louisahhh. Après une paire de singles diffusés cet été en guise de faire-part de naissance (Violent God et Dead Meat), un premier album est disponible ce mois-ci.

« Une tempête de guitares et d’électronique », écrit le biographe, « deux mondes qui entrent en collision pour former une nouvelle entité, une bête aux dents plus acérées et aux griffes plus sanglantes, avec plus de tripes, et plus de poésie. » Une charge mentale qui ne demande qu’à exploser.

Pain Magazine,
mercredi 15 octobre, 19h,
C.A.L.M., Université de Limoges (87).


Pain Magazine + Palecoal,
samedi 18 octobre, 20h30,
Le Rocher de Palmer, Cenon (33).

Retrowave

Critique musical du magazine Best dans les années 1980, défenseur du rock le plus hard, le journaliste Hervé Picart, interviewé par le fanzine Rëquiëm, formula ce jugement : « L’atmosphère se dégrada quand vint l’avènement du punk rock et de la new wave. » Bien des dépressions et des anticyclones plus tard, la météo est au rétro assumé. Considérons sous cet angle Voices, le nouvel album de Not Scientists paru chez Kicking Records cette rentrée, et, par exemple, la vidéo du single Endgame, avec son Macintosh Plus, ses disquettes, son vocoder et sa terreur atomique.

« La seule façon de gagner est de ne pas jouer » nous prévenait le film Wargames dès 1983 : Not Scientists jouent et gagnent. Se réclamant plus ou moins lyonnais, le quatuor possède un membre à Mont-de-Marsan, un autre à La Rochelle. Interroger le climat ne suffit pas, il faut aussi mettre à mal la géographie.

Not Scientists,
jeudi 9 octobre,
L’Île du Malt, Hossegor (40).

Not Scientists + This Will Destroy Your Ears,
vendredi 10 octobre, 21h,
La Ferronnerie, Jurançon (64).

Not Scientists + Headcases,
samedi 11 octobre, 21h,
Tumulte, Angoulême (16).

Not Scientists + The Pookies,
samedi 15 novembre, 21h,
Pavillon 108, Fumel (47).

Les boulons noirs

C’est dans les concerts de rap, à la surprise générale, que le pogo a fait son grand retour médiatique. Moscow Death Brigade, bien plus singulier, annonce jouer du « hip hop de circle pit ». Signe particulier : les traits de leurs visages sont dissimulés, comme s’ils allaient attaquer une session de snowboard. Car les MCs de Moscow Death Brigade portent la cagoule, dans la tradition de Kalash Criminel, de Fatal Bazooka ou des pratiquants de muscu du Bercy Street Workout.

Il ne s’agit pas pour eux de s’amuser à faire peur. Il s’agit encore moins d’une simple astuce pour veiller à la préservation de sa vie sociale personnelle. La Brigade vient réellement de Russie, et ses membres doivent s’assurer de leur anonymat, dans une démarche assez proche de la clandestinité (sur scène, chaque soir, ils dénoncent toutes les guerres). Ils n’ont point pour autant renoncé à tout fun.

Leur mascotte est un crocodile moscovite (Moscow Croc) porté sur les sports urbains, le graffiti, le sabotage et la solidarité à l’égard des minorités, et ils ont mis en ligne leur propre jeu vidéo où l’on marque des points en ramassant des bombes de peinture et en sautant par-dessus les agents de police dans une ville où les principaux commerces de rue sont des vendeurs de pizzas, de kebabs et de pinces coupe-boulon.

Moscow Death Brigade + Josem Solar,
vendredi 17 octobre, 19h,
salle multiculturelle (Festival Abracada’Sons), Meilhan-sur-Garonne (47).


Carnage Fest : Moscow Death Brigade + Severance + Vegan Piranha,
samedi 18 octobre, 17h,
La Rhapsodie, Biarritz (64).

Moscow Death Brigade,
dimanche 19 octobre, 17h,
PCP, Pau (64).

Réanimation

Dom Solo, enfin, se retrouve dans la même situation que la créature emblématique inventée par la géniale Mary Shelley : seul contre tous. Pour sonoriser à sa manière le Frankenstein réalisé par James Whale en 1931, le compositeur, instrumentiste et technicien landais a sacrifié la partition originale de Bernhard Kaun et a installé face à l’écran la lourde machinerie de son laboratoire de musiques actuelles.

Alors que la vie revient dans le corps tourmenté du monstre des studios Universal, Dom Solo, guitare en main, actionne pédales d’effets, boucles et programmations rythmiques. Il anime en direct son projet instrumental original, tout en textures – bien en chair, si on ose l’écrire ainsi – et rend bien entendu un hommage à Celle sans qui rien de tout cela n’aurait été possible : l’électricité, cette fée à la voix de tonnerre que l’homme place entre ses mains pour défier les lois de la nature et briser comme l’on brise des chaînes toutes les limites de sa condition.

« Frankenstein », Dom Solo
vendredi 3 octobre, Casseuil (33).

samedi 4 octobre, Saint-Aubin-de-Lanquais (24).

samedi 25 octobre, 18h30,
Médiathèque Les Temps modernes, Tarnos (40).


vendredi 31 octobre, 19h30,
Café Larbey, Boissec (40).

samedi 1er novembre, 19h,
Café de La Poste, Herm (40).

mercredi 12 novembre, 19h30,
salle des fêtes, Rion-des-Landes (40).

Guillaume Gwardeath