Le musée d’Ethnographie de l’université de Bordeaux propose Le monde en résonances, exposition atypique ouvrant la voie à l’introspection.

C’est une expédition intime qui se mérite. Quasi-invisible depuis l’extérieur, le musée d’Ethnographie de l’université de Bordeaux, niché au sein du campus de la Victoire, invite gratuitement à une expérience déroutante. L’objectif ? « Entrer en contact avec soi-même », comme l’explique Lucia Bienvenu, chargée des expositions et de la médiation scientifique au musée. 

Pour y parvenir, il faut se plonger dans le dispositif mis en place par le musée et baptisé « Le monde en résonances, voyage au cœur de soi en compagnie de Victor Segalen ».

Mise en éveil de la mémoire

La scénographie se découpe en deux espaces qui s’imbriquent et se nourrissent. Le monde d’un côté, le moi de l’autre. Au milieu, transperçant l’espace d’exposition, la reproduction d’un chemin caillouteux que les visiteurs peuvent suivre avant de bifurquer vers d’autres routes.

Côté monde, sont exposés près de 110 objets extra-européens provenant des réserves du musée qui en abritent plus de 6 000. Chacun va de pair avec un mot inducteur, ensemble ils créent des associations d’idées personnelles à chacun. Une mise en éveil de la mémoire agrémentée aussi par des citations de Victor Segalen ou parlant de cet ethnographe, archéologue, poète et romancier du début du XXe siècle.

Dons des visiteurs

Présentes aussi, des œuvres photographiques prises par le commissaire d’exposition, Jacques Pouyaud, professeur de psychologie à l’université de Bordeaux et, entre autres fonctions, membre du comité directeur de la chaire Unesco « Conseil et orientation tout au long de la vie ».

Autre couche de cette superposition scénographique, des vitrines dédiées aux dons des visiteurs qui s’enrichissent en fonction des envies du public. Au moment de notre passage, une planche de skate éclatée en deux ou un ticket de bonne aventure étaient entre autres visibles.

Les salles du soi

Cette profusion de formes et d’objets tranche profondément avec l’apparent dénuement des salles du soi. Des bulles reprenant les six sujets du recueil de poèmes Stèles de Victor Segalen, publié à son retour de voyage de Chine.

Évoquant des thèmes généraux (l’amour, l’amitié, l’adversité, la loi, le hasard et le soi), ces espaces invitent à la réflexion intime. Un chemin de pensée orné par les calligraphies de Maaya Wakasugi, le travail sensoriel et poétique de Denis Dedieu, compositeur de musique actuelle, et du poète Gabriel Mwènè Okoundji, trois artistes ayant été en résidence pendant 4 mois.

Poursuivre ses réflexions

Pour naviguer dans cette configuration, imaginée par la scénographe Marie Corbin, elle aussi en résidence, un livret de voyage est remis à chaque nouvel entrant. Une boussole dont l’utilité est expliquée par des médiateurs, qui devient ensuite un outil à part entière. Dans chacune des bulles, les visiteurs devenus acteurs peuvent écrire leur ressenti sur les feuilles prévues à cet effet dans le carnet et glisser le papier dans des urnes.

« Ces textes seront ensuite recueillis et analysés dans le cadre d’une recherche participative et dont le résultat fera l’objet d’une restitution », précise la brochure de présentation. Pour ceux qui voudraient prolonger l’expérience, le livret contient aussi une adresse électronique permettant de solliciter une rencontre avec Jacques Pouyaud et ainsi poursuivre ses réflexions même après être sorti du musée. 

Guillaume Fournier

Informations pratiques

« Le monde en résonances, voyage au cœur de soi en compagnie de Victor Segalen »,
jusqu’au mercredi 26 juin, puis de septembre 2024 à mai 2025,
musée d’Ethnographie de l’université de Bordeaux, Bordeaux (33).

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *