Olivier Rolin sera à Guéret, Maison Jouhandeau, pour une lecture de morceaux choisis dans Jusqu’à ce que mort s’ensuive1. Un livre achevé durant une résidence d’auteur organisée par les Rencontres de Chaminadour, à Limoges puis à Guéret.

Après deux ouvrages dans une veine plutôt autobiographique, peut-on dire que Jusqu’à ce que mort s’ensuive est un roman historique ?

Non, certainement pas. D’abord, tout simplement, parce que ce n’est pas un roman ; je dis ça au risque de décevoir ceux qui croient qu’il n’y a de littérature que romanesque. C’est une enquête. J’ai consulté beaucoup d’archives, souvenirs de révolutionnaires du XIXe siècle, journaux, français et anglais (puisque la seconde partie de l’histoire se passe à Londres), dossier personnel au service historique de la Défense dans le cas de Cournet, l’ex-officier de marine.

Je n’ai rien inventé, tout au plus imaginé des pensées qui pouvaient traverser mes personnages. Je tiens à être aussi exact, aussi scrupuleux que possible; c’était le même souci qui m’animait lorsque j’ai écrit Le Météorologue, livre qui est également une enquête sur un destin tragique dans un tout autre contexte, celui de l’Union soviétique sous Staline.

Ensuite, ce n’est pas un roman historique pour d’autres raisons encore. On n’y trouve aucun des falbalas ou effets de mise en scène qui caractérisent ce genre, et, par exemple, il n’y a pas de dialogues, sauf lorsque je reproduis des interrogatoires devant les tribunaux, tels que je les ai trouvés dans la presse.

J’interviens de temps en temps dans le récit, soit que j’aille revisiter les lieux plus d’un siècle et demi plus tard, soit que telle ou telle situation m’inspire une réflexion, je n’en abuse pas, ou qu’elle fasse remonter des souvenirs lointains.

Quelle est votre relation aux Rencontres de Chaminadour ?

Ancienne et très amicale. La première fois que j’y ai assisté, je crois que c’était celles consacrées à Pierre Michon en 2007. Puis, il y a eu une édition qui m’était consacrée, en 2011. Et j’ai participé à plusieurs autres, Cendrars, Hugo…

J’aime le mélange de sérieux – les communications y sont en général de haut niveau, on y apprend énormément de choses – et de décontraction, loin du rituel empesé d’un colloque. Cela tient beaucoup, évidemment, aux personnalités d’Hugues Bachelot et de Pierre Michon, qui sont deux vieux amis, deux lurons dont j’aime bien des traits, notamment leur humour.

Quels sont les chemins que vous emprunterez avec Homère en septembre prochain²  ?

Je ne peux pas vous donner de noms d’intervenants avant d’avoir recueilli leur accord formel, mais je pense diviser le temps des rencontres, grosso modo, en deux. Une première partie, où interviendront surtout des hellénistes et des philologues, apportera des éclairages sur les deux grands poèmes d’Homère.

On essaiera d’éviter le côté trop professoral, ce ne sera pas trop difficile avec certains des traducteurs récents qui sont aussi des performeurs chantant en scène le texte grec et leur traduction en s’accompagnant d’instruments de musique. La seconde partie envisagera quelques aspects de l’immense descendance de l’Iliade et de l’Odyssée.

Dans la littérature bien sûr, et là, on pense tout de suite à l’Ulysse de Joyce, mais il y a bien d’autres livres qui revendiquent un héritage homérique, mais aussi dans le théâtre, le cinéma, peut-être la peinture. Homère, par qui la littérature commence dans notre partie du monde, est notre contemporain éternel.

Propos recueillis par Henry Clemens

1. Jusqu’à ce que mort s’ensuive, Olivier Rolin, Gallimard, collection Blanche.

2. Rencontres de Chaminadour « Olivier Rolin sur les grands chemins d’Homère », du jeudi 12 au dimanche 15 septembre, Guéret (23).

Informations pratiques

 Rencontre avec Olivier Rolin & François Marthouret,
vendredi 12 janvier, 18h, Maison Jouhandeau, Guéret (23).
Dédicaces, samedi 13 janvier, 11h, librairie Vies Minuscules, Guéret (23).

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