Explorateur des possibilités du dessin génératif et créateur d’œuvres uniques produites par algorithme, voilà Julien Gachadoat à l’honneur avec « Déambulations » à la galerie l’Artichaut à Bordeaux.

Qu’est-ce que le dessin génératif ?

Une pratique pas si nouvelle que ça, apparu à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Artistes et ingénieurs se sont alors emparés de l’ordinateur comme un outil de dessin et non comme un simple calculateur. Résultat, un dessin fruit d’algorithmes sur table traçante grâce à des millions de calculs utilisant les nombres aléatoires. En résumé, on écrit des règles qui gouvernent le dessin ; les nombres aléatoires génèrent alors plusieurs propositions. La machine exécute des séquences pseudo-aléatoires via des objets mathématiques, des formules, où les nombres ne semblent pas liés les uns aux autres.

« Déambulations » se penche aussi sur la mobilité des étudiants de l’Université Bordeaux Montaigne pendant les travaux de réaménagement du site…

… ils servent en effet de cobayes pour générer des data. C’est une proposition différente des dessins, une œuvre en lien avec l’activité de L’Artichaut, qui a notamment pour mission le réaménagement devant la Maison des Arts sur le site de l’Université Bordeaux Montaigne, à Pessac. J’utilise des données provenant de cet endroit et effectue un travail sur les automates cellulaires qui simulent et génèrent une arborescence. On obtient ainsi la création d’une œuvre inédite et non une représentation pure et indicative de données.

« Laisser une trace unique, physique et palpable de l’art, non pas en dépit du numérique mais grâce à lui. »

Dans ma pratique, j’effectue un retour aux sources vers le mouvement de l’art génératif ; c’est aussi l’héritage de mon travail passé au sein du studio 2Roqs. En outre, enseignant à l’Université Bordeaux Montaigne, il s’est produit un déclic. J’ai eu envie de figer sur papier les algorithmes, ce que j’aimerais en faire.

Je suis passé d’un strict dilettantisme à une pratique quotidienne. Ayant reçu des retours favorables via les réseaux sociaux, j’ai été encouragé face à cet engouement. Donc, je poursuis, laissant une trace, un dessin unique impossible à regénérer par la même séquence.

Bayonne, Bordeaux, Londres, votre art voyage beaucoup…

… j’ai même été publié chez un éditeur allemand ! Ce milieu reste encore une niche mais il y a eu un emballement concomitant à l’arrivée des NFT. Mon travail a été alors repéré. Qui plus est, j’ai une spécificité : le dessin au plotter, un traceur ultra-perfectionné avec une pointe pilotée par ordinateur. C’est un fascinant passage de la vision que l’on a à l’écran à ce que peut prendre comme forme un projet. Sans oublier les accidents naturels (usure du feutre, qualité du papier) concourant ainsi à une œuvre unique. Rien ne sera refabriqué. Aujourd’hui, je rachète même des plotters de seconde main pour des tracés qui vont du A1 au A3 en passant par le A2.

Propos recueillis par Marc A. Bertin

Informations pratiques

« Déambulations », Julien Gachadoat,
jusqu’au vendredi 21 juin,
L’Artichaut, Bordeaux (33).

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