Éclats d’Émail jazz festival, rendez-vous majuscule du genre, se déploie comme chaque automne à Limoges. Qui de mieux pour en parler que son directeur artistique Jean-Michel Leygonie ?
À la veille d’une 18e édition, est-on toujours nerveux ?
2023 apparaît comme le fruit des éditions précédentes. Depuis 2019, public et billetterie sont en augmentation. 2022 fut, à ce jour, notre meilleure édition. Désormais, le segment 30/50 ans est le plus visible. Celui des 25/35 arrive, là encore, après un travail spécifique. Il y a en outre un capital « sympathie » ressenti après les concerts, qui durent 2 heures en moyenne.
Les artistes sont généreux car on les accueille aux petits soins ; on ne mégote pas là-dessus. Par ailleurs, les partenaires privés s’engagent au-delà des accords de principe. En résumé, nous récoltons cette dynamique vertueuse.
Traduction concrète : un public qui vient séjourner à Limoges pour le festival et pour lequel on confectionne du sur mesure. Nous ne sommes plus qu’un simple festival de jazz, nous sommes devenus un événement qui atteint enfin la dimension qu’il caressait à l’origine. Bref, pas de trac.
L’accent est mis sur une expérience totale dans laquelle la proposition musicale se fond avec celle d’un art de vivre made in Limoges…
…c’est le fruit d’une évolution. On présente Éclats d’Émail différemment, on a dorénavant le temps de peaufiner même si cette volonté d’ouverture a toujours été présente. Nous avons à cœur de suggérer plus d’activités et d’orientations.
10 jours de programmation, c’est long sur le papier, mais est-ce suffisant pour déployer sa direction artistique ?
Nous y avons apporté une forme de réponse en initiant en 2022 la saison « Be curious… mayBe Jazz ! » dédiée au jazz et aux musiques improvisées et qui s’est tenue un jeudi par mois à l’espace Noriac1. À la suite des bons retours, nous avons entamé une deuxième saison. Cela constitue indéniablement un fil conducteur pour notre noyau dur local.
Par ailleurs, nous avons un projet estival, avec la Ville de Limoges, pour la deuxième quinzaine d’août 2024. Projet qui ne sera pas « 100% jazz ». Tout mis bout à bout, j’estime que nous effectuons un travail en profondeur.
En 2018, Alexandre Fournet déclarait « un festival de jazz est ce que l’on veut qu’il soit ». Est-ce plus que jamais d’actualité ?
Complètement ! Nous avons encore la chance d’être indépendants et cette indépendance nous permet d’être envisagés autrement dans une ville historiquement liée au « jazz traditionnel ». Nous avons une cohérence de discours. Depuis deux éditions, nous consacrons des moyens à une création. Cette année, Zoom Zemmatt de Mangane aura non seulement droit aux ors de l’Opéra de Limoges, mais aussi à un soutien passant notamment par un accompagnement discographique sur notre label Laborie Jazz.
Des coups de cœur ou des immanquables ?
Le concert d’ouverture, le 16 novembre, à l’Opéra de Limoges, de Kaz Hawkins, une artiste irlandaise qui, après une vie plutôt mouvementée, s’est installée l’an dernier à quelques kilomètres de Limoges, et bénéficie enfin d’une reconnaissance de son talent de compositrice et d’interprète. Il y aura non seulement une captation mais aussi un documentaire de 52 minutes ! Nous avions envie de la programmer depuis un moment. Ce sera un très beau temps fort. De même que la venue de Steve Coleman, le 19 novembre, à l’Opéra de Limoges. Je serai dans mes petits chaussons.
Propos recueillis par Marc A. Bertin
Informations pratiques
Éclats d’Émail jazz festival,
du jeudi 16 au dimanche 26 novembre,
Limoges (87).
- Acquis par le Conseil départemental de la Haute-Vienne en 1989, cet ensemble immobilier de la fin du XIXe siècle est constitué d’une chapelle et d’une crypte ayant appartenu à une communauté jésuite. Depuis sa réhabilitation, ce bâtiment dispose d’une salle de spectacle de 220 places.