Un restaurant d’un côté, un théâtre avec une jauge de 96 places de l’autre, le tout en un seul lieu la Scène Maria Casarès à Poitiers. Matthieu Roy de la compagnie Veilleur présente cette nouvelle salle.

Une nouvelle salle ouvre à Poitiers. La scène Maria Casarès prolongement citadin de la Maison du même nom, à Alloue, en Charente.

Matthieu Roy et Johanna Silberstein, de la compagnie Veilleur, y déclinent leur formule estivale alliant théâtre et gastronomie et une programmation de séries longues, pour l’instant dédiées aux créations de leur compagnie.

D’où est née l’idée de créer cette nouvelle scène ?

Matthieu Roy : C’est relié à notre festival d’été à Alloue, organisé depuis 7 ans. Nous avions envie de déployer le projet de la Maison Casarès sur le Grand Poitiers, persuadés que ces offres de goûter, apéro ou dîner-spectacle, pouvaient résonner auprès du public pictavien, où de telles propositions n’existent pas.

Le temps long, la série, le bouche à oreille, le temps de convivialité sont essentiels pour toucher un nouveau public qui ne vient pas forcément dans les lieux culturels.

À quoi ressemble la salle, comment va-t-elle fonctionner ?

M.R. : Ce sont d’anciennes casernes militaires, juste à côté du cinéma Le Dietrich. Les deux travées, de 240 m2 chacune, sont aménagées l’une en restaurant, l’autre en théâtre avec une jauge de 96 places. C’est un bel espace patrimonial, un lieu avec une histoire et une âme.

Nous ouvrirons du jeudi au dimanche, peut-être les mercredis pour des goûters-spectacles. Nous continuons à imaginer, comme à Alloue, une programmation qui se partage en famille ou avec des amis, accessible à tous. Le lieu s’appellera la Scène Maria Casarès, en hommage à cette grande actrice, très engagée dans la décentralisation, qui n’avait pas encore de théâtre à son nom. Ce sera un peu la petite sœur de la Maison, à Alloue.

Quel a été le montage financier ?

M.R. : Nous avons parlé de ce projet dès l’automne 2021 à la Ville de Poitiers, qui nous a orientés vers ces locaux à vendre. Pour l’exploitation et les travaux, nous avons créé une SCIC1, qui réunit plusieurs sociétaires: la compagnie Veilleur [installée depuis 15 ans à Poitiers, NDLR], la Maison Maria Casarès, un entrepreneur et le Grand Poitiers.

C’est un acte fort pour une collectivité locale. Grâce à cet engagement significatif, la Région Nouvelle-Aquitaine a financé les travaux dans le cadre d’un dispositif ESS et la Préfecture a donné une subvention pour les premiers travaux. De notre côté, nous auto-finançons avec un prêt auprès du Crédit Coopératif et de France Active. Au total, les travaux se montent à 800 000 €, ce qui, au regard d’une surface patrimoniale de 480 m2 et d’un aménagement ERP2, n’est pas si coûteux.

La Scène Maria Casarès en chantier à Poitiers. ©Joseph Banderet

Nous nous positionnons sur un projet d’innovation et d’entreprenariat culturel: cela nous plaît d’inventer des modalités de rencontre entre des artistes et le public, de créer de nouveaux modèles, de faire vivre un lieu aussi, avec comme inspiration le Théâtre des Bouffes du Nord de Peter Brook et le Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine. Pour l’heure, nous n’avons aucune assurance sur le financement du fonctionnement, nous allons discuter avec nos partenaires. Notre enjeu est de s’inscrire dans une démarche de théâtre public.

Quel sera le programme de cette première saison ?

M.R. : Dans les six premiers mois, on va expérimenter. En septembre, nous jouons le dîner-spectacle Tartuffe, en novembre ce sera Gros en version apéro-spectacle et en janvier-février, un goûter-spectacle avec Je suis un lac gelé. Pour l’instant, on programme des spectacles de la compagnie. Après six mois, on verra comment ces propositions trouvent un écho auprès du public.

Dernière question : quelle équipe, quels tarifs ?

M.R. : On travaille avec les salariés de la compagnie et de la Maison. On va créer un poste de cuisinier, qui sera vital pour la Scène mais aussi pour la Maison. Quant aux tarifs ce sera 30 € pour les dîners-spectacles, 15 € pour les apéro-spectacles et 10 € pour les goûters-spectacles avec bien sûr des tarifs réduits.

  1. Société coopérative d’intérêt collectif
  2. Établissement recevant du public

Propos recueillis par Stéphanie Pichon

Informations pratiques

Le Tartuffe ou l’Hypocrite, mise en scène Matthieu Roy,
à partir du jeudi 21 septembre,
Scène Maria Casarès, Poitiers (86).

mmcasares.fr

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