Après une première édition couronnée de succès, Regarde!, le festival des arts de l’espace public revient à Arès à la faveur du solstice d’été. Avec les mêmes ambitions : sublimer, sensibiliser, rassembler.

Si ce n’était les caprices de la météo — et encore, si peu —, Regarde ! 2022 affiche un bilan plus qu’encourageant avec 10 000 spectateurs, 8 spectacles et créations. De quoi motiver une équipe et une ville affichant la culture comme moteur de son identité, de son attractivité mais, plus que tout, comme principe humaniste à la croisée d’un patrimoine, d’un environnement et du désir de faire corps.

Cette année, Regarde ! n’a pas la folie des grandeurs. Privilégiant une nouvelle fois les talents du cru (Cie Silex !, Cie Un rien extraordinaire, Smart Cie, Cie Crazy R, Association Jonglargonne). Et nulle fausse modestie, plutôt l’attachement à un vivier avec lequel construire sur mesure une manifestation loin des démonstrations désincarnées ou sans surprises.

Ivresse de la danse

Où l’on retrouve, à la faveur d’un triomphe et d’une requête expresse du public, Le Baluche des complices de M. Larsène, qui dépasse non pas l’entendement, mais bien la notion stricto sensu de bal populaire au profit d’un dérèglement que l’on croirait conçu par les Monty Python.

Toutefois, avant l’ivresse de la danse, place à l’éblouissement avec Bolero con fuoco, embrasement littéral du chef-d’œuvre de Maurice Ravel, mis en scène par l’artificier en chef de Silex !, Pascal Ducos. Soit une robe de danseuse flamenca promise aux flammes, se consumant au rythme du célèbre crescendo tandis que la chorégraphe Karyne Arys incarne ce ballet crépitant.

Honneur aux arts de la piste

Puis, du samedi au dimanche, honneur aux arts de la piste. Avec, par ordre d’apparition : Le Cabaret jonglé de Priam et Manu, florilège de la discipline (balles aériennes, balles rebond, massues, diabolos, boîtes à cigares, balles de cristal, cerceaux, bâtons, etc.) aux vertus interactives.

Mais aussi une Balade circassienne, amoureusement confectionnée par les vétérans de la Smart Cie afin de (re)découvrir le nécessaire rapport à la nature, notamment aux arbres, une histoire d’harmonie délicatement mise en musique, l’école buissonnière où acrobates et trapézistes dispensent des cours tout sauf magistraux.

Galiléo, performance à plus de 30 mètres du plancher des vaches pour narrer ni plus ni moins que la naissance de l’univers, autant dire que cette sphère armillaire [instrument anciennement employé en astronomie pour modéliser la sphère céleste et pour montrer le mouvement apparent des étoiles, du Soleil et de l’écliptique autour de la Terre, NDLR] éblouit le regard à la manière d’un planétarium provoquant chez le public un questionnement sur sa place dans l’univers ; enfin, Vis dans le vide de la Cie Crazy R interroge le vertige de la chute, ce risque inhérent chez tous les as de la voltige, métaphore riche de toutes les acceptions de la gravité.

Le tout gratuit, ouvert à tous les publics. Une certaine idée de la convivialité.

Marc A. Bertin

Informations pratiques

Regarde !, festival des arts de l’espace public,
du vendredi 23 au dimanche 25 juin,
Arès (33)

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