Pierre Loustaunau, aka Petit fantôme vit en lévitation, entre indé et mainstream, pop et variété, confort et frustration. Après la sortie de son nouvel opus Stave II au format digital, il donne quelques rares concerts.

Par quel processus donnes-tu vie à tes compositions ?

J’ouvre une page blanche sur mon cahier, je trouve un titre pour l’album et je note des noms qui me plaisent pour les chansons. Ça me prend une heure. Puis, je procède dans l’ordre, chanson par chanson. Ça me prend une semaine, jusqu’à finaliser une maquette. Je ne suis pas du genre à faire 35 morceaux pour n’en garder que 10.

Comme j’ai tendance à penser que le son de mes démos est suffisant pour une sortie, je laisse un peu reposer et je réécoute deux mois plus tard, pour tout désacraliser. J’enregistre alors avec mes copains musiciens, dont bon nombre gravitent autour du studio Shorebreaker où je possède ma propre pièce.

Tu sembles apprécier les petites trouvailles insolites, comme cette sonnerie de téléphone qui sert de thème pour le premier morceau ?

C’est une célèbre sonnerie d’iPhone… Il se trouve que mon téléphone et mon ordi sont connectés. La sonnerie d’un appel de ma copine s’est un jour harmonisée avec des accords que j’étais en train de bosser sur mon logiciel.

Je l’ai intégrée, or il s’avère que j’avais intitulé mon morceau d’intro Ouverture, en hommage à un morceau de Björk, et que cette sonnerie, composée par un Français, porte le même nom ! Le copain avec qui j’étais en train de travailler m’a aidé à aller jusqu’au bout de l’intention, en arrangeant cette sonnerie dans une version plus lente. Mettre du hasard dans mes chansons, c’est aussi une de mes façons de composer.

Dans le morceau Bonjour Pierre, pourquoi t’es-tu mis en scène répondant à des questions pressantes sur l’analyse de tes performances sur les plateformes ?

Les statistiques de streaming sont devenues le CV des groupes. Les maisons de disques ne vont plus dénicher les talents, elles attendent de repérer un artiste qui s’est débrouillé tout seul à gagner beaucoup de followers et de vues YouTube™.

Plus tu as de streams, meilleures sont tes chances de bénéficier d’un suivi professionnel. À la fin du morceau, je dis « je ne fais pas partie de ce monde-là » mais la voix me rappelle et me fait : « Si ! »

Comment s’est créée la collaboration avec Étienne Daho que l’on peut entendre sur le morceau STP Apaise-toi ?

Notre relation remonte à plus de dix ans, à la suite d’un concert un peu punk avec Frànçois & The Atlas Mountains, pour qui je jouais de la guitare et des claviers, dans un petit club de Londres. Il était venu en simple spectateur et avait acheté tous nos disques ! C’est

une sentinelle, avec une connaissance très pointue de la scène actuelle. Il avait fini par inviter Petit Fantôme en première partie de la release party de son album au Silencio, à Paris, or il peut m’arriver d’être tendu, voire vénère, sur scène. Étienne m’avait alors gentiment complimenté sur le concert tout en me conseillant : « Pierre, il faut que tu te détendes sur scène, s’il te plaît apaise-toi ! »

Cette phrase m’a marqué, et a fini par sortir sous la forme d’un refrain pour une nouvelle chanson. C’est lui qui m’a proposé de le chanter. Il a enregistré ses voix au mythique studio Motorbass à Paris. J’ai reçu les fichiers, prêts à mixer. C’était comme un « plug in Étienne Daho », avec cette voix parfaite, hyper-pleine. C’était fou.

Propos recueillis par Guillaume Gwardeath.
Crédit photo : Guillaume Fauveau

Informations pratiques

Petit Fantôme + Rudiger,
vendredi 1er décembre, 21h, Atabal, Biarritz (64).

Petit Fantôme + High Season (Chloé & Ben Shemie),
jeudi 25 janvier, dans le cadre de WEE, Le Confort Moderne, Poitiers (86).

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