Jusqu’au 23 avril, le musée d’Aquitaine propose l’exposition « Être(s) à Saint-Michel », une exploration ludique et sensible de ce quartier de Bordeaux unique et aujourd’hui en pleine transition.

✏️ Guillaume Fournier 
⌛6 minutes

Géographiquement séparé de quelques centaines de mètres, le musée d’Aquitaine abrite jusqu’au 23 avril l’exposition « Être(s) à Saint-Michel » traitant du quartier Saint-Michel à Bordeaux. Trois artistes du cru : Aurélia Coulaty, Jonas Laclasse et Pierre Wetzel se sont attelés depuis 2019 à capter l’essence de ce quartier en pleine mutation.

La scénographie joue la carte du in situ. En arrivant, les visiteurs se retrouvent entourés par les façades de la rue des Faures, un des chemins d’accès à la place Meynard. Sur les murs s’expose aussi le travail combiné de Pierre Wetzel et Aurélia Coulaty.

Saint-Michel : un quartier pour plusieurs facettes

Le premier est photographe, il a d’ailleurs son atelier rue des Faures. Il utilise le procédé du collodion humide. Une technique de prise de vue datant du milieu du XIXe siècle qui nécessite un minutieux travail à l’aide d’une chambre photographique. Résultat : la vingtaine de clichés en noir et blanc qui parsèment les trois pièces de l’exposition ont un cachet inimitable, une signature reconnaissable entre toutes. À l’image de Saint-Michel. 

Chaque cliché est accompagné d’ une création poétique de l’écrivaine Aurélia Coulaty tirée de ses longs échanges avec les 14 commerçants œuvrant chaque jour dans les rues de Saint-Mich’, surnom du quartier. Grâce à Joanna la fleuriste, Momo de l’épicerie des Fruits de l’Orient ou encore Jullian et Louis du bar, restaurant et salle de concert Quartier Libre, les tranches de vie s’additionnent. Et de laisser entrevoir la diversité de points de vue sur un quartier toujours en mouvement. 

Exposition « Être(s) à Saint-Michel » - Façades de la rue des Faures, un des chemins d’accès à la place Meynard
Exposition « Être(s) à Saint-Michel » – Façades de la rue des Faures, un des chemins d’accès à la place Meynard

Un joli foutoir reconstitué

Cette mosaïque de portraits laisse la place à une pièce plongée dans la pénombre où seuls les clichés de Pierre Wetzel sont éclairés, accompagnés de quelques poésies rédigées à la craie par Aurélia Coulaty. 

La diversité de Saint-Mich’ reprend le dessus dans la dernière salle. Un joli foutoir composé de tables du mythique bistrot La Mère Michel autour desquelles les badauds peuvent s’asseoir en écoutant les bruits du quartier diffusés par les haut-parleurs.

Gentrification à grande vitesse

Sur les murs s’étalent les résultats de La (Vrai Fausse) Grande Enquête diligentée par Jonas Laclasse. Le rendu laisse transparaître un attachement viscéral à la flèche de la cathédrale, au marché, à la mixité sociale ; autant d’étendards de Saint-Mich’. Ce qui ne cache pas les problèmes de sécurité ou de gentrification à grande vitesse qui guettent les habitants. 

« Comment parler de ce quartier en si peu de mots ? Il faudrait un roman », écrit François dans un témoignage écrit à la façon d’un graffiti sur le dernier mur de l’exposition. Si la lecture de cet article et la visite au musée d’Aquitaine n’ont pas pu rassasier votre appétit de découverte, il ne vous reste plus qu’à vous y rendre ou à vous procurer l’ouvrage-catalogue du projet !

Informations pratiques

« Être(s) à Saint-Michel »
Jusqu’au dimanche 23 avril
Musée d’Aquitaine, Bordeaux
Programmation autour de l’exposition à retrouver ICI