Dense programme à Pau pour Rock This Town avec une trentaine de films musicaux internationaux, que le public est invité à découvrir en bonne compagnie, de Pete Doherty à Sandrine Bonnaire, d’Erik Truffaz à JD Beauvallet. Questions à Xavier Le Falher, programmateur du cinéma Le Méliès et délégué général du festival.

Votre festival a beau s’intituler Rock This Town, le rock à proprement parler ne semble pas être la seule esthétique à retenir votre attention…

C’est la 17e édition. La première année, on pensait qu’il s’agirait d’une édition unique ! Nous étions alors une bande de trentenaires et quadras qui bossions sur l’agglomération paloise, tous fans de rock. Avec le réseau des médiathèques, nous avions voulu créer un événement mêlant cinéma, exposition et concerts.

Il nous fallait un nom ne mentionnant pas la ville de Pau, pour ne pas exclure les partenaires de Billères, de Biganos, de Jurançon, etc. Le nom est resté, mais il faut prendre le terme rock au sens de « secouer ».

Vous avez donc tissé des passerelles avec d’autres musiques…

On a commencé à proposer des films sur le jazz ou l’electro, jusqu’à notre formule actuelle de festival du film musical. Nos premières séances, c’étaient vingt personnes dans la salle à regarder un documentaire sur Einstürzende Neubauten… Il a été nécessaire de déplacer le curseur ! Je me suis retrouvé à visionner des films sur le free jazz ou la rumba congolaise, ça m’a permis d’ouvrir le champ des possibilités du festival.

L’éditorial de votre programme invite à « sortir des sentiers battus » …

Complètement. Quand on programme ce genre de festival, on reçoit des films par l’intermédiaire de plateformes en ligne réservées aux professionnels. Et là, on découvre des sujets hallucinants avec des thématiques assez fortes. Par exemple, Mo’Zar, sur une école de musique à l’île Maurice pour des gamins défavorisés, ou And Still I Sing, qui montre une sorte de The Voice en Afghanistan, avec des femmes qui n’ont plus le droit de chanter à cause du retour des talibans et dont les rêves de gamines sont anéantis.

Il y a encore This is National Wake, film sur un groupe de rock formé par des blancs et des noirs en plein apartheid en Afrique du Sud, ce qui était complètement interdit par les lois ségrégationnistes. Des films que j’ai reçus en pleine face !

Alors que beaucoup de biopics sont sortis en salles ces derniers temps, vous présentez surtout des documentaires ?

On aurait pu montrer le Bob Marley : One Love, ou le film qui va sortir sur Charles Aznavour, c’est vrai, mais je n’ai pas trop envie, par exemple, de montrer le Amy Winehouse qui sort pendant le festival. Que ces films soient bons ou mauvais, il s’agit de grosses productions que l’on peut voir partout, sans le travail de médiation d’un événement comme le nôtre.

Alors, on les laisse cartonner dans les multiplexes, et on préfère défendre des petites productions plus difficiles à voir, y compris sur les plateformes. On en a quand même passé, comme Love and Mercy sur Brian Wilson des Beach Boys, ou des fictions comme Les Magnétiques ou Burning Casablanca.

Quel film serait votre coup de cœur de cette édition ?

Dusty and Stones, l’histoire de deux musiciens noirs qui jouent de la country dans le village d’un petit royaume africain, l’ancien Swaziland. Ils gagnent un concours pour aller enregistrer dans un studio à Nashville et se produire en concert au Texas, et le film raconte leur périple et leurs… déconvenues. Un film original, et très touchant, qui a carrément changé la vision que je pouvais avoir de la musique country.

Propos recueillis par Guillaume Gwardeath.

Informations pratiques

Rock This Town,
du samedi 27 avril au dimanche 5 mai,
Pau (64).

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *