Figure emblématique du street art rochelais, le graffeur Super Bourdi, de son vrai nom Lénaïc Bourdelaud, présente jusqu’au 28 février « Arrêt au Port » à la Maison du Port, en partenariat avec le Port Atlantique de La Rochelle. 

Il est presque impossible aujourd’hui de déambuler sous les arcades du centre-ville de La Rochelle sans tomber nez à nez avec Bobby, petit garçon de 6 ans, vêtu d’un slip rouge. Plus proche d’un Denis la Malice aux cheveux bruns que de Superman, il est la création de Super Bourdi, graffeur et street artist de 36 ans.

Jusqu’au 28 février, il présente « Arrêt au port », exposition forte de six créations originales — panneaux de bois peints à l’aérosol et à l’acrylique — dans le hall de la Maison du Port.

Slip au vent

Installé dans la préfecture de la Charente-Maritime depuis 15 ans, Lénaïc Bourdelaud en a fait son terrain de prédilection. À coup de collages et de graffs, cet ancien graphiste et illustrateur, reconverti street artist, diplômé en Arts appliqués à Angoulême, a imposé son style et son personnage autant dans les pierres que dans les têtes.

La Vague, « Doigt d’Auteur », ©SuperBourdi

C’est en 2018 avec « Doigt d’Auteur », exposition dans le quartier Saint-Nicolas, qu’il introduit son personnage, aujourd’hui devenu une vraie mascotte. Bobby, petit garçon accompagné de son fameux slip rouge, permet à l’artiste de transmettre des messages engagés.

Yes, we can save the world

« Artiste engagé, je ne sais pas, justement j’essaie de rester neutre […], de faire passer des émotions et des images qui peuvent être simples, relever du bon sens, sans forcément être donneur de leçons », reconnaît l’intéressé.

Toutefois, difficile de séparer Bourdi et Bobby de messages politiques voir militants notamment en matière d’écologie. Comme lorsqu’il apporte son soutien à Paul Watson, fondateur de l’ONG Sea Shepherd, alors détenu au Danemark, ou dans sa série de collage « Yes we can save the world », reprenant et détournant le slogan de campagne de l’ancien président américain Barack Obama en 2008.

Sur tous les fronts

Le graffeur a aussi pour habitude de proposer des ateliers dans les écoles et les lycées de l’agglomération rochelaise. « J’aime bien travailler avec les enfants parce que, justement, ils n’ont pas de filtres, donc on peut évoquer plein de sujets librement sans tabou. »

Depuis cinq ans, Super Bourdi a laissé sa trace, dans les cours de récréation. Faisant participer les élèves dans la création des œuvres et des sujets qu’elles vont aborder. Comme au collège Samuel de Missy, où le graffeur a réalisé une œuvre autour du handicap ou à l’école élémentaire Bongraine avec une grande fresque adaptée d’un conte écologique écrit pour l’occasion.

« J’ai bien inondé La Rochelle, je vais arrêter de les saouler »

Après s’être fait la main sur la façade atlantique pendant quelques années, il monte à la capitale pour
« Connexion », sa première exposition solo parisienne
; un voyage rempli d’escales à travers l’univers.

En effet, du 13 février au 22 mars, la galerie Wawi, dans le Xe arrondissement, accueille Super Bourdi et une sélection de fresques murales, dessins encadrés, et autres tableaux de plus d’un mètre de haut.
« Je pense que c’est l’une des plus grosses expos que j’ai eu à réaliser jusqu’à présent, donc, oui, c’est chouette ! » 

Bien qu’encore très ancré dans son port d’attache, 2025 sera l’année du déplacement pour Super Bourdi qui, outre son escale parisienne, devrait, dès le printemps, faire des apparitions en Nouvelle-Aquitaine « J’ai bien inondé La Rochelle, je vais un peu arrêter de les saouler. Aux beaux jours, je vais essayer d’aller dans les villes alentours comme Bordeaux ou Nantes. »

Louis Colas

Informations pratiques

« Arrêt au Port », Super Bourdi,
jusqu’au mardi 28 février 2025,
La Maison du Port – 141 boulevard Delmas, La Rochelle (17000).

« Connexion »,
Du 13 février au 22 mars 2025,
Galerie Wawi – 49 rue Albert Thomas, Paris (75010).