L’atrabilaire duo pince-sans-rire Sleaford Mods revient mettre les pendules continentales à l’heure. Histoire de transformer le Krakatoa de Mérignac en pub ?

Une date unique et dominicale. Chapeau bas, le duo sait faire. À force de métier, aussi. Jadis, Sleaford Mods, c’était Jason Williamson, natif de Grantham, Lincolnshire, berceau d’une certaine Margaret Thatcher… Un enfant de la classe moyenne devenu concentré de rage la trentaine venue après le cauchemar néo-libéral concocté par les Tories.

2007, passée une infructueuse carrière musicale, dont le plus grand succès fut son addiction à la cocaïne, Williamson joue son va-tout. Avec sa bite, son couteau, une barre de Mars® et une canette de Special Brew®. Autoproduction, CDR, dates miteuses, sueur, catharsis, manager chauffeur de bus et un blaze éloquent : That’s Shit, Try Harder. En fait, le choix de Sleaford Mods est un « hommage » à une vraie ville du Lincolnshire.

Le coup de maître, la rencontre avec Andrew Fearn

Affranchi du coda rock, sous haute influence Wu-Tang Clan/The Streets, Williamson trouve sa voie et sa putain de voix ; oui, celle que l’on compare à John Cooper Clarke ou Mark E. Smith, les poètes céliniens du post-punk mancunien.

Toutefois, le coup de maître, c’est bien sa rencontre avec l’impassible Andrew Fearn au Chameleon, un rade de Nottingham. Le tandem publie alors son premier méfait explicite Wank (2012) avant la gloire et signature chez Rough Trade. Sans renoncer, au passage, son humeur vagabonde : « I thought the dog had shit in my hair but then realised Kasabian were fucking playing. »

Un PC miteux, un micro et beaucoup d’amour

Évidemment, en 2023, le groupe suscite les ricanements des mal-sucés. Scoop à leur attention : les Beatles, c’est fondamentalement de la merde après Rubber Soul. Au moins, Sleaford Mods ne se renie pas, tournant dans de riantes cités comme Wakefield, Scunthorpe, Hitchin ou Ramsgate, ou invitant des musiciennes qui en ont dans le pantalon (Amy Taylor, Billy Nomates, Florence Shaw).

Un PC miteux, un micro et beaucoup d’amour à l’image de ce tweet adressé à Miles Kane : « This music was born out of a hate for pretenders like you. You can either leave gracefully or I will block you. » FDP, de grâce, passez votre chemin.

Marc A. Bertin

Informations pratiques

Sleaford Mods,
dimanche 5 novembre, 19h,
Krakatoa, Mérignac (33).

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *