L’œuvre de l’Argentin Leandro Erlich, « La Carte à l’ombre de la ville », doit rafraîchir les futurs habitants du quartier Belvédère-Deschamps situé sur la rive droite de Bordeaux. Une œuvre aussi symbolique du rattachement de ce nouveau quartier à la ville.

Bordeaux est une métropole à laquelle sont accolés de nombreux surnoms, dont certains tombés en désuétude. Difficile en effet de qualifier la ville de « Belle endormie » alors que depuis la fin des années 1990 des quartiers entiers sont remodelés.

Nouvelle preuve sur la rive droite de la Garonne. Ici, après la caserne des pompiers de la Benauge, est en train de sortir de terre un nouveau quartier baptisé Deschamps-Belvédère. Au milieu de cette ville champignon moderne, l’immense place Marie de Gournay a été imaginée. C’est dans ce nouveau lieu, qui doit ouvrir au public à l’automne prochain, que prend place l’œuvre d’art contemporain de Leandro Erlich, « La Carte, à l’ombre de la ville ».

Une œuvre monumentale  

L’œuvre monumentale couvre 400 m2 carrés de cette place. Quatorze troncs de pins en aluminium soutiennent des plaques, elles aussi en aluminium. Toutes les pièces ont été fabriquées sur mesure à la fonderie d’art Fusions, en Auvergne. Les amoureux des chiffres seront aussi ravis de savoir que 6 000 vis ont été utilisées pour l’assemblage. Pour le prix total, le secret reste entier. Voilà pour les caractéristiques techniques, mais cette œuvre a surtout été pensée pour une mission « produire de l’ombre », comme l’explique l’artiste argentin.

Artiste ingénieux travaillant avec brio sur les jeux d’illusion, Leandro Erlich accorde aussi une place importante à l’architecture dans son œuvre. Autant de caractéristiques qui ont poussé le Fonds Cré’Atlantique — outil de mécénat culturel à l’échelle de Bordeaux Métropole, issu de l’association de l’établissement public d’Aménagement Bordeaux Euratlantique et du groupe Bernard — à faire appel à lui pour ce projet culturel.

La Carte, une ombrière symbolique

Ombrager la place, cette mission aurait très bien pu être remplie par des arbres, surtout qu’il y en a déjà certains de plantés un peu plus loin… seulement sur cette partie en sous-sol se trouve un parking, rendant impossible la plantation.  Pour l’effet rafraîchissant, trois brumisateurs sont aussi prévus.

« Avec cette œuvre, on ramène le sujet de la nature et du changement climatique en plein cœur de la ville »

Leandro Erlich

Drôle de nature tout de même avec une canopée plate et sans l’ombre d’une aiguille ou d’une pigne de pin ! Difficile de trouver de tels spécimens dans les forêts de la région. Problème d’études du sujet ? Nullement, la signification de ces plaques d’aluminium se dévoile avec les rayons du soleil.

La ville se dessine avec l’ombre portée

En effet, l’ombre portée de la structure dessine au sol le plan de la ville de Bordeaux.  On reconnaît alors le cours de la Garonne et le tracé des grands axes routiers qui délimitent chaque parcelle. Ainsi, le titre de l’ensemble, « La Carte, à l’ombre de la ville », prend tout son sens.  

Cette projection est aussi un symbole pour ancrer ce quartier en construction dans la ville. Une œuvre, comme une signature, ayant aussi la volonté, à terme, de se positionner comme un totem du futur quartier Deschamps-Belvédère. Si vous êtes déboussolés par autant de poésie et de symbolisme, pas d’inquiétude, vous avez le plan sous les pieds pour vous repérer et repartir dans la direction voulue.

Guillaume Fournier 

Informations pratiques

« La Carte, à l’ombre de la ville », Leandro Erlich,
place Marie de Gournay, Bordeaux (33).
Ouverture au public à l’automne 2023