Entretien avec Frédéric Latherrade, directeur et co-fondateur de Zébra3, invite plusieurs acteurs de la mouvance collective pour fêter 30 ans d’activités partagées avec l’exposition “Diasporama”.

En quoi le collectif vous semble-t-il porteur d’un renouveau des approches et des pratiques artistiques ?

Les formes d’organisation collective dans les arts visuels sont aujourd’hui très diverses, elles ont beaucoup évolué ces vingt dernières années, et les artistes s’en sont emparés avec une grande imagination. Dans tous les cas, ce qui m’intéresse, c’est la capacité des artistes à inventer et investir des contextes en associant leurs forces pour générer des espaces d’expression et de travail.

En se regroupant, ils démultiplient leur faculté à construire des modèles qui s’incarnent souvent dans des lieux de création empreints d’un souffle jubilatoire. Le fait de travailler ensemble influe indéniablement sur les pratiques artistiques, le collectif est un espace de transmission, de partage, d’accueil, de friction et de porosité entre artistes et publics.

Cette dimension sensible, informelle, qui mélange souvent temps de vie, de travail, d’expérience de jour et de nuit, s’inscrit dans des formes d’engagement qui dépassent le champ artistique et offre des perspectives à la liberté d’expression.

Que retenez-vous de votre expérience dans ce domaine et de votre parcours ?

Mon expérience s’inscrit dans une histoire des collectifs, elle a été façonnée par des figures d’artistes, des mouvements, et une histoire locale. 4 Taxis, Présence Panchounette, Maroussia Rebecq, Deborah Bowmann, Nani$ôka Groupe, Lapin-Canard sont autant d’exemples qui ont façonné et contribué à ma relation au monde tout en créant un récit de notre scène. Cette énergie m’est vitale.

Pouvez-vous présenter « Diasporama » ?

C’est une exposition que nous avons imaginée dans le cadre des 30 ans de Zébra3. Elle repose sur l’invitation de plusieurs collectifs qui présenteront des artistes et des œuvres de leur choix, une constellation de propositions artistiques. Tous ces collectifs entretiennent un lien fort avec notre scène artistique. Tous ces collectifs ont vécu dans le coin, fréquenté l’école des beaux-arts de Bordeaux, participé à des projets d’échanges à différentes périodes et développent ailleurs des projets qui contribuent au rayonnement de notre scène.

Deborah Bowmann, Gateau 34 Choc omousse pistache citron, 2020

Lieu-Commun à Toulouse, Jeanne Barret à Marseille, Le Second Jeudi à Bayonne, Cumulus à Floirac ont, chacun à sa manière, créé dans leur environnement des espaces qui proposent ateliers d’artistes, lieux de vie, espaces de diffusion alternatifs. Maroussia Rebecq, à Paris, a déployé un travail qui repose sur sa capacité à entraîner une multitude de personnes dans l’acte créatif. 4 Taxis à travers son magazine puis l’atelier Pensée Nomade a très largement ouvert les chakras de plusieurs générations d’artistes passés par l’EBABX.

Le principe général de l’exposition est inspiré par les modèles des grands magasins comme Biarritz Bonheur ou BHV, la scénographie est imaginée par le duo d’artistes Deborah Bowmann, qui a animé ces dernières années un lieu de création et d’exposition à Bruxelles. L’ensemble des œuvres sera à vendre ; c’est une allusion directe au catalogue de vente par correspondance Buy-Sellf qui a marqué nos débuts. Nous inaugurerons l’exposition avec notre festival d’arts visuels Nuit de flou qui agrège performances, musiques, ateliers, temps de création et plateau radio à la Fabrique POLA.

Propos recueillis par Didier Arnaudet

Informations pratiques

« Diasporama »,
du vendredi 15 septembre au dimanche 15 octobre,
Fabrique POLA, Bordeaux (33).

Inauguration du 15 au 17 septembre avec le festival d’expressions plastiques Nuit de flou.

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