Confiée aux bons soins du duo Olivier Kuntzel et Florence Deygas, Mobilis, incroyable installation immersive intègre le circuit de visites de la Maison Hennessy à Cognac.

Le somptueux générique d’ouverture de Catch Me If You Can de Steven Spielberg, c’était eux. La publicité La Petite Robe noire de la Maison Guerlain, c’était eux. Les facétieux toutous Cap & Pep, qui longtemps firent le bonheur du magasin Colette, c’était eux. Autant le dire : Olivier Kuntzel et Florence Deygas trônent au sommet du graphisme international.

Ce pedigree a séduit Laurent Boillot, président de la Maison Hennessy, qui leur a accordé ni plus ni moins qu’une carte blanche. Un blanc-seing somme toute redoutable car si Florence Deygas avoue avoir livré « le portrait d’une maison » et que pour Olivier Kuntzel « il ne s’agit pas d’un objet technique, mais bien d’un objet d’émotion ».

Une signature de la Maison Hennessy

Dès lors, comment procéder ? « Éduquer par le merveilleux », selon le mot de Charles Perrault ? Sublimer l’exigence, marque de fabrique de la Maison Hennessy ? Faire éclore la « manufacture du rêve », chère à Laurent Boillot ; tout à la fois quête du Beau et fenêtre ouverte sur l’imaginaire ?

Florence Deygas et Olivier Kuntzel ©JAs Hennessy & Co—2023 ©Vincent Bousserez

Pour aboutir à « Mobilis » (subtile allusion au Capitaine Nemo), le duo n’est pas parti d’une page blanche, mais d’un trait, celui effectué à la craie sur les barriques ; une calligraphie devenue depuis des décennies signature de la Maison Hennessy. Il y a eu aussi la consultation des archives, notamment les dessins sur buvard de Richard Hennessy, le fondateur, qui croquait sans cesse. De ce travail préparatoire, des mots-clefs ont émergé : écriture, flux, voyage.

Œuvre d’art immersive et interactive

Au bout de deux années de travail, ayant mobilisé plus d’une cinquantaine de contributeurs, dont Studio Backlight, studio spécialisé en réalité augmentée, virtuelle et hyper-réalité, « Mobilis » s’affirme comme LA parenthèse artistique, inscrite dans le cadre d’une visite globale. Or, de quelle expérience parle-t-on ? De 19 minutes au cœur d’une œuvre d’art immersive et interactive. Ainsi, après avoir traversé une réplique fantasmée du bureau de Richard Hennessy, une fois casqué, puis plongé dans l’obscurité, le voyage commence.

Fort heureusement dépourvue de voix off et de principe narratif classique, portée par une sublime bande-son signée Jonathan Fitoussi (le patron de l’exigeant label Transversales), cette odyssée onirique révèle plus d’un visage : une ode à la nature évoquant un je-ne-sais-quoi de Hayao Miyazaki ; le cycle d’élaboration du cognac au rythme des saisons (de la vigne aux vendanges, de la distillation à la mise en barriques) ; la toute-puissance de l’eau, à commencer par le rôle primordial de la Charente, et des éléments ; un bestiaire surnaturel et d’inoubliables créatures (les Barriques héroïques).

Surtout, cette invitation sans scénario imposé invite le public à la suivre telle Alice au pays des merveilles : les avatars (de 1 à 12) apparaissent, les perspectives se déploient à l’infinie, on embarque pour une traversée du miroir, le vent souffle, la tempête gronde. Comme au théâtre, on perçoit les réactions de chacun. On dessine à son tour par enchantement, on cueille des grappes… la prouesse est totale, bien loin des gadgets à la mode. De la prestidigitation et des lignes de code au service de l’imaginaire. Ces visions valent le détour.

Marc A. Bertin

Informatiques pratiques

Les Visites Hennessy,
quai Richard-Hennessy, Cognac (16).

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