33e édition des itinéraires des photographes voyageurs, associée cette année au premier Mois de la photo à Bordeaux. Vincent Bengold, co-directeur artistique avec Nathalie Lamire-Fabre, lève un coin du voile.
Une 33e édition, au-delà du symbole christique, comment la sent-on ? Toujours d’humeur à remettre le couvert ?
La question récurrente, chaque année, face aux aléas qui nous menacent, mais on tient debout car il y a toujours quelque chose pour nous émouvoir que l’on souhaite partager. J’essaie d’intéresser le public, les publics, surtout les plus jeunes, à ces moments d’ouverture, de découverte, tout en suscitant la curiosité pour cette pratique. Notre ambition demeure le partage.
À titre personnel, j’essaie d’attraper par la main l’enfant que j’étais à 12 ans. En outre, sous couvert d’esthétisme voire de « poésie », notre manifestation soulève nombre de questions éminemment politiques comme la disparation des paysages ou de la mémoire…
10 regards, 6 lieux, n’auriez-vous pas réduit la voilure ?
De fait. Nous accusons depuis 3 éditions un déficit budgétaire. Étions-nous trop ambitieux ? Donc, en 2024, on remet les comptes à zéro. Moins de lieux, effectivement, mais également des moyens plus faibles.
Nous sommes bien rattrapés par la réalité économique. Pour autant, cette 33e édition symbolise pleinement l’ADN des IPV dans la diversité des propositions autour de photographes empreints d’une très grande poésie nonobstant leurs procédés. La photographie contemporaine d’auteur est aussi diverse dans le fonds que dans la forme. Voilà le message.
Presque la moitié des travaux exposés sont en noir et blanc. Cela traduit-il une tendance ou n’est-ce que le fruit du hasard ?
Nous observons, effectivement, un retour en force du noir et blanc après des années d’éclipse. Des propositions moins « démesurées », plus « intimes ». La photographie d’auteur revient au noir et blanc, mais pour les IPV, il n’y a jamais eu la moindre opposition.
Céline Clanet, dont nous présentons la série « Ground Noise », travaille autant en noir et blanc qu’en couleur. La série « À nos terres troubles » de Cécile Genest est un travail certes en couleur mais à la frontière du noir et blanc.
Les IPV intègrent la première édition du Mois de la photo, initié par la Ville de Bordeaux. Qu’en pensez-vous ?
La volonté de proposer ce nouveau rendez-vous est l’occasion de louer notre travail comme les énergies d’autres acteurs locaux comme Cdanslaboite. A contrario, cela génère moins de visibilité pour nous, même si nous avons toujours organisé notre manifestation en avril. C’est une espèce d’édition zéro pour la Ville de Bordeaux avec zéro budget. Nous tirerons le bilan en temps voulu.
Pour ma part, j’aurais souhaité une éditorialisation en termes d’identité, autour de la notion de voyage ; ce qui est plus cohérent avec notre parcours. Concrètement, on concentre 6 expositions à l’espace Saint-Rémi tout en menant des actions communes, notamment avec Cdanslaboite. L’essentiel reste d’opérer la différence entre un art populaire et amateur et une véritable pratique professionnelle qu’il faut non seulement reconnaître mais surtout soutenir.
3e session du prix Mentor, porté par l’association Freelens, un partenariat fructueux ?
Pur hasard, mais les deux derniers lauréats — David Siodos et Élie Monferier — ont été sélectionnés à Bordeaux ! La session de sélection se tient le 5 avril, en matinée, à l’espace Saint-Rémi devant le public et un jury professionnel, invités à voter après présentation. Un chouette rendez-vous loin des mondanités réservées aux « heureux peu » dans un étoilé parisien…
Propos recueillis par Marc A. Bertin
Informations pratiques
Itinéraires des photographes voyageurs#33,
du mercredi 3 au dimanche 28 avril,
Bordeaux (33).