Désormais, sous la férule d’Anne-Claire Duprat, l’orientation de la Fondation d’entreprise Martell, lieu de création dédié aux artistes et aux artisans d’art, affiche un tropisme pour le design, caressant l’ambition d’en devenir la future maison au-delà des frontières néo-aquitaines.

Loin d’un revirement face à l’action menée avec maestria six ans durant par Nathalie Viot, ce choix tente de répondre à la meilleure manière de « travailler avec un territoire aux multiples ruralités ». Or, avant de faire affaire, encore faut-il connaître l’endroit où l’on se trouve.

Aussi, pour mener à bien ce projet, Anne-Claire Duprat a missionné Olivier Peyricot, directeur de la plateforme de recherche de la Cité du design, à Saint-Étienne, depuis 2014. Ce dernier, à la tête d’une équipe constituée des designers Valentin Patis et Lola Carrel, et de l’historienne Mathilde Pellé, a consacré 4 mois à cartographier des ressources locales (naturelles et industrielles, matérielles et immatérielles) entre Charente et Charente-Maritime.

Dinosaure et gypse

Englobant matériaux remarquables ou négligés, techniques vivantes ou oubliées, savoir-faire, cet essai de nomenclature des richesses, le long du cours de la Charente, se double d’une volonté de définir des axes de travail pour demain afin que chaque créateur invité en résidence à la Fondation d’entreprise Martell soit en mesure de s’en emparer.

Si elle ne convoque pas Georges Perec, cette tentative d’épuisement d’un lieu essaie néanmoins de découvrir des gisements tout en essayant de répondre humblement à la question : qu’est-ce qu’une ressource ? Un fémur de dinosaure vieux de 143 millions d’années ? Des outils agricoles ? La laine des moutons ? Les merrains de chêne ? L’osier destiné à la vannerie ? Le gypse pour fabriquer du placoplâtre ? Le lin et le chanvre tissés pour les cordages ? Les poches à huîtres ? La peau transformée en cuir ? Une charentaise ? Le mobilier en feuillards ? L’acier damassé des couteliers ? La pierre de taille ? La vinasse ?

Portrait-robot

Nul recensement aux fastidieuses statistiques, nul inventaire supposément poétique. Au contraire, un état des lieux — du plus domestique au plus sauvage —, dénué de toute nostalgie afin d’écrire le premier chapitre d’une « anthropologie du présent », selon Olivier Peyricot. Certes, on conviendra d’une possible opposition entre le concret accumulé et la subjectivité des regards, nonobstant l’appareil scientifique convoqué, de la méthodologie à la nomenclature. Toutefois, à l’arrivée, une bibliothèque concentre cette encyclopédie aux contours mouvants.

Le portrait-robot ainsi esquissé provoque moult interrogations. La valorisation du rebut, le caractère tout sauf inépuisable des ressources naturelles, le design contemporain et les enjeux environnementauxIn fine, les us et coutumes vernaculaires sont-ils en mesure de construire le design de demain ?

Marc A. Bertin

DEMANDEZ LE PROGRAMME !

  • Visite contée et chantonnée, parcours conté en famille, à partir de 6 ans, samedi 15 juillet, 14h
  • Papiers d’herbes et d’épluchures, atelier en famille, tous publics, mercredi 19 juillet, 14h
  • Initiation aux teintures végétales, atelier en famille, à partir de 8ans, mercredi 26 juillet, 14h
  • Visites racontées, tous les mercredis et samedis, 16h, (1 heure)
  • Visites éclair, tous les jeudis, 18h-19h, (15 minutes)

Informations pratiques

« Almanach — Regards de designers sur les ressources du territoire des Charentes »,
jusqu’au dimanche 31 décembre,
Fondation d’entreprise Martell, Cognac (16).

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