Jeune diplômé des Beaux-Arts de Bordeaux (ebabx), Simon Gabourg y a appréhendé sa future vie d’artiste par les deux bouts : en perfectionnant sa maîtrise des matières qu’il travaille et en construisant son identité artistique.
Simon Gabourg ne s’imaginait pas artiste. Et pourtant. Très tôt traversé par des questionnements sur l’avenir de notre planète, la surconsommation et la géopolitique, mais sans avoir pour bagage une pratique artistique à outrance, le Guadeloupéen décide de basculer vers les écoles d’art publiques au sortir du baccalauréat. Les fameux « Beaux-Arts ». Un parcours bâti sur des fondations familiales profondément artistiques et manuelles, entre Paris et la Guadeloupe où il est né.
Lorsqu’il entame une année de classe préparatoire privée à Paris, Simon découvre le travail du sculpteur argentin Julio Le Parc. Un de ces électrochocs qui feront sa fondation d’artiste. « En une semaine, j’ai compris que je voulais être artiste. Et rien d’autre. » Cette année de gestation conçue afin que les jeunes créateurs appréhendent mieux les concours des écoles lui est profitable. Histoire de l’art, sculpture, design, visites d’expositions, rencontres multiples… tout est fait pour lui permettre de préparer ses premiers pas en école.
En janvier, déjà, les concours se profilent. À l’aise dans le design graphique, Simon conçoit de fausses publicités mêlant anticipation et uchronie. Il présente ses réalisations en préambule des épreuves auprès d’une dizaine d’établissements. L’ebabx (école supérieure des beaux-arts de Bordeaux) a la cote dans sa hiérarchie personnelle. Des épreuves plastiques, un entretien débridé avec un jury, un commentaire de texte et de l’anglais sont au menu de l’examen girondin. L’affaire est dans le sac.
Années de voyages
Ses premières années de licence, au sein d’une promotion n’excédant pas 40 étudiants, deviennent le temps de l’expérimentation, de voyages inspirants, de l’affirmation de son identité artistique pour beaucoup liée à son rapport à l’Histoire et au monde. Un déplacement en Andalousie le marque, au milieu de la mer de plastique des serres de fruits et légumes de la région d’Almeria. À Bordeaux, les cours théoriques sont toujours entrecoupés de séances de maîtrise des logiciels techniques et de temps en atelier pour toucher et modeler la matière (bois, plâtre, pierre, béton…).
Au terme de trois années riches soldées par un DNA (diplôme national d’art, niveau licence), Simon fait le choix de poursuivre en master (DNSEP – diplôme national supérieur d’expression plastique). Lancé vers un mémoire qui soutient ses expérimentations, il crée un magazine d’actualité fictionnel qui interroge notre rapport au vrai et au faux.
Vision réaliste de la vie d’artiste
Différents stages avec l’artiste Alexis Peskine lui donne une vision réaliste de la vie d’artiste, son rapport avec le milieu des galeristes et une capacité à exposer et raconter son travail. Des résidences d’artistes lui permettent de mener des projets personnels dans un cadre idéal.
Une fois obtenu son DNSEP – avec les félicitations du jury –, son travail plastique est exposé aux Archives métropolitaines à Bordeaux. Une expérience où ses œuvres dialoguent avec les fonds documentaires des Archives (cartes coloniales, articles de presse…). Le jeune artiste doit trouver le moyen de mettre en scène un récit en utilisant un vaste bâtiment patrimonial : un aboutissement qui lui permet d’articuler de manière cohérente son travail plastique, l’architecture du bâtiment et les histoires que ce dernier renferme.
Faire et transmettre
Confronté à la question du terme des études et au début de sa carrière d’artiste en bonne et due forme, Simon se tourne vers d’autres approches. Comme l’enseignement. Depuis un an, il intervient dans les collèges et lycées de Nouvelle-Aquitaine pour sensibiliser les plus jeunes à la pratique artistique, vecteur d’émancipation.
Il est désormais en post-diplôme aux Beaux-Arts de Lyon. Cette dernière année lui apportera un accompagnement sur mesure qui devrait propulser sa carrière naissante. Avec un mantra qu’il résume ainsi : « Notre manière de produire et de consommer est à la base des tensions contemporaines. Tout est lié. On se doit d’interroger notre rapport au monde et à la technique. Cela laisse entrevoir une question essentielle que je tente d’explorer : qu’est-ce qu’une bonne vie ? »
Informations pratiques
ebabx – école d’enseignement supérieur d’art de Bordeaux
7, rue des Beaux-Arts, 33800 Bordeaux
05 56 33 49 10
Article issu de notre supplément Guide des Formations 2024 à retrouver en version PDF