Au Centre d’art Image/Imatge à Orthez, la photographe Lucile Boiron et le peintre Béranger Laymond font dialoguer leurs œuvres, objets de métamorphoses formelles, chromatiques et survoltées.

Qu’ont en commun Lucile Boiron et Béranger Laymond ? Pour commencer, ils sont de la même génération. Lucile Boiron est née en 1990, Béranger Laymond en 1982. L’une a fait ses classes à l’école nationale supérieure Louis-Lumière à Saint-Denis.

L’autre est passé par l’école supérieure d’art Pays basque et l’école des beaux-arts de Nantes. La première est photographe. Le second est peintre. Ponctuellement pour l’une, de manière quasi systématique pour l’autre, tous deux aiment s’échapper des images en deux dimensions pour conquérir l’espace et ses volumes par la combinaison de matériaux divers.

Mylar, emprise et regrets

Des impressions sur rideaux ou sous Plexiglas pour Lucile Boiron. Pour Béranger Laymond dans des toiles libres, non-enchâssées, qui occupent l’espace de multiples façons : déployées au sol ou suspendues comme des tentures, travaillées recto-verso, associées à d’autres ou présentées sur des objets.

Avec lui, la peinture se pense hybride et ne se refuse aucune mutation. Elle associe acrylique, pigments phosphorescents à des supports protéiformes allant de la toile de lin à la résine, en passant par le papier, le métal, les sangles ou le Mylar. De quoi s’agit-il ? D’une matière très fine, très résistante et très réfléchissante qui donne à l’exposition actuellement présentée au centre d’art image/imatge son titre énigmatique : « Mylar, emprise et regrets ». Magique, ce film plastique est susceptible de générer des dissolutions formelles. Ces dernières servent de fil conducteur aux œuvres réunies à Orthez.

Partition mouvementée

Ainsi, les compositions abstraites de Béranger Laymond propagent d’étranges formes qui s’enchevêtrent et s’organisent selon une partition mouvementée. Allusives et fragmentaires, elles s’épanouissent dans une allégresse chromatique. Des couleurs saturées qu’on retrouve chez Lucile Boiron qui s’emparait en 2022, lors de la dernière biennale de Lyon intitulée « Manifesto of Fragility », de l’ancien musée d’Histoire naturelle de la ville.

Rien d’anecdotique dans le choix de ce lieu quand on sait que Lucile Boiron s’attache à l’anatomie, au corps humain, dont elle explore les abysses faites de chairs, d’entrailles, de nerfs, d’intestins, de fluides, d’os, de cartilages, de matières organiques visqueuses, suintantes…

Tout cela grouille, fourmille, se décompose ou se désagrège dans une confusion jubilatoire, une expérience esthétique et cognitive naviguant entre l’abject, l’intimité et la sensualité.

Anna Maisonneuve

Informations pratiques

« Mylar, emprise et regrets »,
jusqu’au samedi 10 février,
centre d’art image/imatge, Orthez (64).

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