PHYLLOXÉRA, UNE ÉPOPÉE HUMAINE ET SCIENTIFIQUE. Fin du XIXe siècle, un petit puceron, venu de l’est des États-Unis, décime en quelques années, une très grande partie du vignoble mondial. Jusqu’au 31 décembre, un parcours dans deux musées de Cognac permet de revenir sur une crise sanitaire majeure. Jérôme Sourisseau, président de Grand Cognac, explique en quoi cette épreuve fait écho à l’actualité et en quoi elle a rendu les Cognaçais plus forts.

✍️ Propos recueillis par Henry Clemens

Pourquoi une exposition dans deux musées ?

L’agglomération du Grand Cognac est assez jeune – elle n’existe que depuis janvier 2017. Elle a choisi d’avoir la compétence sur l’ensemble des musées qui sont passés de la ville à l’Agglomération. L’occasion de lancer une politique culturelle ambitieuse et d’avoir tous les ans une grande exposition dans l’un des deux musées ou dans les deux avec pour objectif d’attirer un large public pour des expériences uniques mais également de faire revenir les locaux, familiers ou non des musées.

Une tête d’affiche a priori peu glamour…

C’est en échangeant avec deux ou trois personnes que l’idée m’est venue de vouloir aborder le sujet ô combien délicat du phylloxéra. D’autant plus que, dans la campagne charentaise, fortement marquée par une culture paysanne, le sujet a été remisé dans les placards. Paradoxalement, cette grande crise du phylloxéra nous renvoie à l’actualité. Nous avons vu un certain nombre de convergences avec le Covid dans la mesure où la crise du phylloxéra fut mondiale, causée par quelque chose d’infiniment petit et a fini par complètement déstabiliser toute une frange de la société. Cognac possédait à ce moment 300 000 hectares de vigne plantée (!) et vendait, déjà au XIXe siècle, des millions de caisses d’eau-de-vie dans le monde entier. Cette crise a entraîné des conséquences économiques et sociologiques. La période voit par exemple affluer les paysans et éleveurs vendéens qui réapprennent aux Charentais l’élevage laitier, la production de beurre d’excellence.

Une exposition placée sous le sceau de l’expertise scientifique ?

Nous avons mis en place un comité d’experts locaux et nationaux pour retracer cette histoire. Une histoire qui raconte l’arrivée de propositions fumeuses voire sulfureuses émanant de charlatans, de chimistes et qui raconte surtout que c’est en mutualisant les moyens et en ayant une démarche scientifique que les maisons de Cognac trouveront la solution. Une période qui verra apparaître le métier de pépiniériste.

« Nous avons vu un certain nombre de convergences avec le Covid dans la mesure où la crise du phylloxéra fut mondiale, causée par quelque chose d’infiniment petit et a fini par complètement déstabiliser toute une frange de la société. »

Comment se répartit l’exposition ?

Cette exposition revient dans le musée d’Art et d’Histoire sur la crise, le désastre et ses conséquences. Le musée des Savoir-faire du cognac expose, lui, les différentes solutions envisagées, des plus farfelues aux plus scientifiques. Cette période qui a vu les ventes de cognac chuter, verra apparaître des ersatz plus ou moins frauduleux et conduira à la création d’une AOC garantissant la provenance et le savoir-faire de la célèbre eau-de-vie. Une exposition originale très riche et immersive qui rend l’histoire de ce puceron ingrat très passionnante.

N’est-ce pas l’histoire en creux de la résilience des Cognaçaises et des Cognaçais ?

Exactement ! Je porte d’ailleurs un projet de reconnaissance des savoir-faire du cognac au patrimoine culturel et immatériel de l’Unesco. La résilience des Cognaçaises et Cognaçais aux différentes crises à travers les siècles fait partie d’un ensemble de valeurs repéré par l’Unesco, qui nous soutient dans cette démarche.

Informations pratiques

« Phylloxéra, une épopée humaine et scientifique »
Jusqu’au samedi 31 décembre
Musée d’Art et d’Histoire & musée des Savoir-faire du cognac, Cognac

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