« LES PIONNIERS DU STREET ART ». À Bordeaux, l’Institut Culturel Bernard Magrez se plonge dans les origines françaises du genre en compagnie d’une dizaine de figures emblématiques.

L’histoire du street art, en France

Si on s’accorde à dire que le street art naît véritablement dans les années 1960 aux États-Unis et que le graffiti, sa forme primitive, se propage en France dans les années 1980. Or, c’est oublier que dès le début des années 1960, Gérard Zlotykamien faisait apparaître d’étranges « éphémères » sur le chantier des Halles à Paris. Peints à la poire de lavement puis à la bombe aérosol, ses personnages minimalistes et fantomatiques s’inspirent alors des ombres laissées par les corps des victimes du bombardement nucléaire sur Hiroshima.

Une décennie plus tôt, en 1949, Jacques Villeglé, grande figure du Nouveau Réalisme, disparu en juin dernier, entame quant à lui une longue série d’œuvres produites à partir d’affiches rencontrées dans l’espace public. Altérées par les intempéries ou lacérées par des anonymes, elles sont prélevées du mur, recadrées puis marouflées sur toile pour devenir des tableaux qui posent les bases du street art.

Panorama sur le street art à l’Institut Culturel Bernard Magrez

Les œuvres de ces deux pionniers retrouvent celles de leurs confrères au château Labottière, cet hôtel particulier de type néoclassique construit en 1773 qui abrite aujourd’hui une partie de l’Institut Culturel Bernard Magrez. En compagnie de Jean Faucheur et OX (membres fondateurs du collectif Les Frères Ripoulin), Blek le rat, Epsylon Point, Jef Aérosol, Miss.Tic, Speedy Graphito et les VLP (« Vive la Peinture ») se retracent les origines hexagonales d’un mouvement au territoire vaste qui englobe aujourd’hui quantité de techniques, de démarches et de courants.

L’effervescence des premières heures d’un street art subversif, éphémère et bien souvent clandestin se déploie au rez-de-chaussée du château à travers un panorama d’œuvres historiques. À l’étage, plusieurs de ces artistes ont été invités à prendre possession des lieux. Signées Speedy Graphito, OX, VLP et Jef Aérosol, ces installations réalisées in situ prolongent au présent ce voyage dans le temps.

✍️ Anna Maisonneuve

« Les pionniers du street art »
Jusqu’au dimanche 2 avril
Institut Culturel Bernard Magrez, Bordeaux

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