Fronton, « le vin des Toulousains » part à la conquête des tables néo-aquitaines. Modeste mais vaillante, l’appellation possède plus d’un atout dans sa manche.

Terroir viticole historique du Sud-Ouest, niché entre le Tarn et la Garonne, étendu sur vingt communes, le vignoble de Fronton fut au XIIe siècle propriété des Hospitaliers de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem (futur Ordre de Malte). La légende raconte qu’au retour des croisades, ils ramenèrent de Chypre la négrette. Or, l’emblématique cépage est autochtone, même si on le retrouve en Vendée, sur l’île de Ré, voire en Californie (où les winemakers l’ont à tort baptisé « Pinot de Californie ») !

La négrette tire son nom de sa couleur d’un noir intense et se caractérise par des arômes de fruits noirs (mûre, cassis…), de violette, de fruits rouges, de réglisse et des notes poivrées.

5 millions de bouteilles

Aujourd’hui, en chiffres, l’appellation d’origine protégée produit, sur 1 200 ha, 5 M de bouteilles, 55% en rouges et 45% en rosés. En outre, avec 40 domaines indépendants — dont une dizaine en agriculture biologique — et une cave coopérative, Fronton fait dans une dentelle plus proche du modèle bourguignon que de l’industrie façon Napa Valley.

Bien décidée à séduire au-delà de l’Occitanie, l’AOP s’invite à la table des établissements de Nouvelle-Aquitaine et son potentiel ne manque pas de charme. À l’image des flacons proposés ce jour-là par les vignerons de Château Laurou, du Domaine Labastidum et du Domaine Bois de Devès. Rouges de belle gourmandise, d’une surprenante élégance, sublimant le fruit et la fraîcheur.

Fort raisonnable du côté du porte-monnaie

Rosés alliant vivacité et intensité. Voilà pour la très bonne impression générale, mais l’éventail des nuances est vaste. Que de surprises selon l’élevage en foudres, en barriques, en amphores et même en dames-jeannes. Surtout, au-delà des notions certes essentielles de plaisir, de partage, de facilité, Fronton peut s’enorgueillir de vins de garde, exceptionnels 10 ou 12 ans après la mise en bouteille.

Dernier et non des moindres atouts, le bouysselet. Ce cépage endémique, longtemps cru disparu, renaît de ses cendres et peut s’envisager avec un bel avenir. Tannique, droit, ample, riche, proche du savagnin du Jura, complexe, ses arômes embrassent poire, pomme, mirabelle, tilleul, fruits secs et agrumes. 

Côté porte-monnaie, fort raisonnable, entre 8 et 12€ la quille, et 20€ pour le haut de gamme. Sinon, remerciements à Zinc, bistrot de quartier, qui nous a accueillis et bien soignés. Entrée roborative (œuf mayonnaise, pied de cochon façon nuggets, boudin noir sur rösti), succulent risotto de crevettes et poire Belle-Hélène. Et du pain qui se tient.

Marc A. Bertin

Les coups de coeur

Blanc : Bouysselet 2022, 100% Bouysselet, Château Laurou.
Rosé : Miramar 2023, 100% Négrette, Château Laurou.
Rouge : Giove Jupiter 2019, Négrette et Cabernet Sauvignon, domaine Labastidum.
Rouge moelleux : Intro Outro 2020, 100% Négrette, Domaine Bois de Devès.

Informations pratiques

Maison des Vins
Syndicat des Vins AOP Fronton
Interprofession des Vins du Sud-Ouest, section Fronton
Château de Capdeville
31620 Fronton
Tél. : 05 61 82 46 33

Château Laurou,
2250 route de Nohic
31620 Fronton
Tél. : 05 61 82 40 88

Domaine Bois de Devès
2255 route de Fronton
31620 Castelnau d’Estrétefonds
Tél. : 06 80 54 85 10

Domaine Labastidum
EARL Domaine De Saint Pierre
400, chemin de Loubet,
82370 Labastide-Saint-Pierre
Tél. : 06 78 73 52 52

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