Depuis novembre 2023, Laure Pauthe s’est installée à la direction du Théâtre des Quatre Saisons. À 39 ans, cette ancienne de la Philharmonie de Paris entend bien continuer à faire rayonner l’institution de Gradignan et l’ouvrir au maximum aux publics.

Avant d’en prendre la tête, connaissiez-vous le Théâtre des Quatre Saisons ?

Oui, à titre personnel, j’étais souvent à Bordeaux et j’en profitais pour le fréquenter. À un niveau professionnel, j’étais aussi attentive à l’institution. Dans les fonctions de programmation que j’ai pu exercer, je regardais souvent son programme de théâtre car il est de qualité et jouit d’une certaine renommée. Il m’est arrivé de proposer des projets qui se retrouvaient aussi à Gradignan.

Vous avez longuement travaillé à la Philharmonie de Paris, cette expérience constitue-t-elle une plus-value pour votre fonction ici à Gradignan ?

Mon expérience m’a permis d’acquérir un très fort bagage de connaissances de la scène musicale en France et à l’international. Ce qui nourrit mes propositions avec une ouverture très large et une attention particulière pour la rencontre possible entre la musique et les arts du spectacle au plateau. 

Quel est donc votre projet pour le « T4S » ?

Il s’articule autour du concept de la maison. J’ai passé beaucoup de temps dans les salles de spectacles et m’y suis souvent sentie très bien. Finalement, l’idée des maisons de la Culture d’André Malraux [ministre des Affaires culturelles de 1959 à 1969, NDLR] n’est pas vétuste ; c’est intéressant de la remettre au goût du jour.

Cela passe-t-il par un soutien important à la création ?

Oui, cette maison sera d’abord ouverte aux spectacles et aux artistes. Le T4S restera une scène pluridisciplinaire avec un accueil et un soutien financier à la création de compagnies et d’artistes venus de toute la région Nouvelle-Aquitaine ou même de la France.

En outre, je voudrais aussi accueillir des artistes-habitants. C’est-à-dire des artistes qui soient des compagnons, des relais des équipes du théâtre à destination du public. Ils seront des moteurs et des figures auxquelles on va pouvoir s’identifier tout au long de la saison. On pourra voir potentiellement plusieurs facettes de leur travail. 

Il y aura un dialogue entre eux et le public pour participer à des temps de création, par exemple. Cela concernera en premier lieu des compagnies très locales, vivant dans un environnement proche car quand on habite un lieu, il faut aussi être connecté au territoire et pouvoir venir facilement. 

Quels sont les autres volets de cette notion de « maison » ?

Cela passe également par une adresse forte à destination de l’enfance, de la jeunesse et de la famille, sans que cela ne devienne la part principale de la programmation, bien sûr. Mais arriver à tisser une vraie histoire avec ces publics-là. Enfin, il y a la volonté d’ouvrir les portes du théâtre pour créer une porosité entre ce qui se passe à l’intérieur et à l’extérieur. Nous sommes dans un parc, voisin d’un skate-park, il n’y a pas très loin un conservatoire, une médiathèque… L’idée est de faire du théâtre un lieu vivant, ouvert. 

Jusqu’à en faire un lieu de vie même en dehors des soirs de spectacle ?

Nous menons une réflexion sur le sujet pour savoir comment mettre en place un tel dispositif. Oui, cela fait partie du projet. Il faudra une programmation un peu plus diffuse sur les journées, en faire un lieu de vie où l’on peut venir boire un café, écouter de la musique… Nous allons essayer de poser les premières pierres de ce projet l’année prochaine.

Le T4S est aussi solidement impliqué dans le tissu culturel de la ville. Vous voulez renforcer ce lien, comment allez-vous procéder ?

Le théâtre met déjà en place des partenariats avec d’autres acteurs de la ville. C’est le cas notamment en ce moment avec un temps fort dédié au hip-hop par exemple. On collabore avec le conservatoire pour l’organisation de masterclass, de travail en commun pour des restitutions publiques.

Sans oublier les liens avec les écoles de Gradignan et de la métropole bordelaise. Finalement, nous créons des liens sur la programmation et aussi autour de projets artistiques et culturels pour être un moteur de la vie locale. Une démarche vouée à s’intensifier ; c’est mon souhait en tout cas. De manière plus générale, il y a un peu plus de 50% des spectateurs qui habitent à Gradignan.

Vous semblez vouloir insister sur la pluridisciplinarité, la rencontre entre les arts. Pourquoi ce mot d’ordre en particulier ?

La pluridisciplinarité est inscrite dans l’histoire du T4S avec une thématique musicale centrale qui reste assumée et ne date pas d’hier. Citons le festival Dansons, mêlant danse et musique, ou les temps forts autour des marionnettes. L’atout du T4S, c’est d’être aussi force de proposition sur des esthétiques un peu moins représentées.

Justement est-ce que la place dévolue à la musique va faire que d’autres aspects comme le spectacle de marionnettes auront moins d’espace que ce qu’ils ont pu avoir par le passé ?

La musique n’enlève pas les autres arts, on va trouver des projets qui les mélangent. L’idée est de rester sur la diversité des formats.

À quoi peut-on s’attendre pour la programmation de l’année prochaine ?

Il peut-être un peu tôt pour en parler ! Toutefois, je peux vous dire qu’on y travaille avec l’équipe! Nous voulons monter une saison qui commence à poser un peu les jalons de cette maison ouverte. Nous allons construire une programmation avec un fil conducteur entre toutes les propositions pour accompagner le public et lui permettre de rebondir entre les spectacles. Il nous faut maintenant trouver ce lien!

Cela sera-t-il suffisant pour renouveler le label de « scène conventionnée d’intérêt national, art et création, mention musique », attribué par le ministère de la Culture ?

L’objectif est bien que le T4S garde son label. Le projet choisi répond en tout cas aux demandes. Nous voulons rester sur l’impulsion de ce label de scène conventionnée. Ça reste le cadre du projet.

Propos recueillis par Guillaume Fournier

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