Édition anniversaire pour le festival Filmer le travail, qui souffle sa quinzième bougie cette année. Maïté Peltier, directrice artistique et déléguée générale de la manifestation, détaille les réjouissances au programme du 9 au 18 février.

Filmer le travail fête ses quinze ans ; durant tout ce temps, le monde du travail n’a cessé d’évoluer. Le festival est-il un miroir de ces transformations ? 

Bien sûr, le festival est directement en prise avec les grandes questions qui traversent le monde du travail aujourd’hui. Cela passe par un côté pluridisciplinaire avec une programmation mêlant cinéma, recherche, littérature sur la question du travail.

Avec une dominante cinématographique ?

Oui car nous avons beaucoup de films qui sont montrés notamment avec la compétition internationale. Cette année, elle est composée de 15 films documentaires récents abordant des thématiques très variées aux quatre coins du monde. Des films qui ont aussi des propositions formelles exigeantes, originales que l’on a envie de partager avec le public. 

La façon de filmer le travail a-t-elle aussi changé durant ces quinze différentes années ?

Il est difficile de dessiner des lignes de force. Les œuvres se renouvellent constamment ; c’est ce qui en fait l’intérêt. Il n’y a pas de dominante après il y a des sujets qui ont été très présents comme celui de l’immigration.

C’est le cas de Je ne sais pas où vous serez demain d’Emmanuel Roy, un film qui nous amène dans un centre de rétention administrative avec un médecin qui reçoit des personnes en situation de migration. Ou Le mot je t’aime n’existe pas de Raphaële Bénisty qui suit trois interprètes travaillant aux côtés des migrants et qui font l’inventaire des blessures de l’exil et la précarité. Des personnes et des histoires qui ne sont pas visibles dans les médias.

Quelle sera la thématique centrale de cette édition anniversaire ?

Il s’agit du contrôle et de la surveillance. Voir comment ces deux points s’exercent dans le monde du travail. L’idée du festival est d’interroger tout cela avec aussi le rôle des collectifs de chercheurs et de militants qui réfléchissent à ces questions et mènent des actions contre les pratiques illégitimes du contrôle.

Il y aura une rétrospective de films traversant les genres et les époques accompagnés de débats mais aussi des regards croisés avec la participation d’universitaires, des collectifs et d’ONG qui travaillent dans ces domaines.

À ne pas rater, l’exposition « Ceci n’est pas un atlas. La cartographie comme outil de luttes, 21 exemples à travers le monde », tirée de l’ouvrage éponyme, coordonné par Nepthys Swer, qui révèle des réalités souvent occultées comme l’accaparement des terres. L’historienne viendra aussi donner une conférence et coordonner un atelier. Il y aura aussi un week-end en présence de Wang Bing qui viendra présenter ses deux derniers films : Man in Black et Jeunesse (Le Printemps).

Propos recueillis par Guillaume Fournier

Informations pratiques

Filmer le travail,
du vendredi 9 au dimanche 18 février,
Poitiers (86).

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