L’artiste franco-suisse Maya Andersson envoûte le musée des Beaux-Arts de Pau dans une exposition temporaire qui réunit une soixantaine de toiles.

Maya Andersson est issue d’une lignée d’ébénistes. Son arrière-grand-père officiait au service du roi de Suède. Animé par le même destin, son grand-père entreprit un voyage à l’étranger afin d’enrichir son éducation et son savoir-faire. Cependant, une halte en Suisse en décida autrement.

À Vevey, petite ville médiévale bordée par le lac Léman, il fit la connaissance de sa future épouse et choisit d’y établir son modeste atelier d’artisan. Son fils, le père de Maya, donnera au projet une envergure inédite, attirant une clientèle prestigieuse faite de vedettes en tous genres parmi lesquelles Charlie Chaplin.

“Tout me paraissait tellement immense”

« Cette relation avec ce milieu d’artisans a déterminé ma passion pour faire fabriquer les choses », précise Maya Andersson. Enfant, son père l’entraîne dans des séances de peintures en plein air. « Je ne savais pas quoi peindre, tout me paraissait tellement immense, c’était impossible. Il y avait tellement de choses, les montagnes, le lac, les arbres, les prés… »

Depuis, l’artiste née en 1942 a appris à dompter cette dimension vertigineuse. Ou plutôt, elle a appris à transcender les sidérations, injectant dans ses toiles tout ce que ces étendues de pays qui s’offrent à la vue peuvent contenir. « Le paysage, c’est un ensemble de choses, souligne celle qui s’est installée en Gironde depuis de nombreuses années. Il y a ce morceau de nature tel qu’on le voit, tel qu’on peut le capter ou le cadrer, mais aussi tout ce qu’il y a autour : la température, les odeurs, les bruits qu’on entend, les gens avec qui on est… Un ensemble d’affects, de facettes, d’étincelles. »

L’atelier 2019 (les poules) – Maya Andersson

Intensité du sujet

Tout cela se retrouve dans ses peintures. Élaboré dans son atelier, chacun de ses tableaux découle d’une émotion ou d’un souvenir lié à ces portions de l’espace que Maya Andersson a traversées et contemplées. Les formes, les couleurs et les matières initiales s’organisent dans une composition laissant libre cours aux réminiscences. Certains des motifs d’origine disparaissent, d’autres surgissent pour laisser l’intensité du sujet éclore ici et là, dans un détail, une atmosphère.

À Pau, le vaste corpus présenté se partage entre son quotidien le plus trivial et des terres lointaines foulées lors de voyages à Paros dans l’archipel des Cyclades ou au cœur des Backwaters, ce labyrinthe de voies navigables caractéristiques du Kerala (sud de l’Inde).

On y croise aussi une série prenant pour thème l’atelier. Les perspectives sur le jardin produisent des interactions visuelles avec les châssis disposés ici et là. Cette mise en abyme génère une perturbation visuelle entre la toile, le paysage et la fenêtre, entraînant une incertitude quant à la manière dont les fenêtres et les tableaux s’entremêlent.

Anna Maisonneuve

Informations pratiques

« Maya Andersson, peintures »,
jusqu’au dimanche 25 février,
musée des Beaux-Arts, Pau (64).

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