Milan, Dubaï, New York, Singapour, Luxembourg, Paris, Marseille, Mâcon… Les expositions de Louis Granet né en 1991 à Bordeaux font le tour du globe. On le retrouve ce mois-ci pour un solo un peu singulier à découvrir à l’artothèque de Pessac.

Votre première exposition monographique, c’était « Zombie poisson coupé » en 2015 à Bordeaux à la galerie Silicone. Quel souvenir en gardez-vous ?

C’était vraiment chouette. Irwin Marchal [le galeriste de l’espace Silicone qui a fermé ses portes en 2020, NDLR] m’a fait confiance pour l’inauguration de son lieu. Je m’en souviens toujours avec émotion.

Comment appréhendez-vous celle-ci à l’artothèque de Pessac ?

Elle arrive à un moment important. J’ai plutôt l’habitude d’exposer en galerie ou sur des foires avec une dimension marchande, qui vous conditionne quand même mentalement. Ici, le cadre [aide à la création DRAC Nouvelle-Aquitaine, NDRL] me permet d’expérimenter et d’emprunter des chemins que j’avais envie d’explorer depuis un certain temps. C’est un contexte idéal pour aborder d’autres façons de travailler.

Alors justement, initialement, vous avez une formation de dessinateur…

Pendant assez longtemps j’ai voulu être auteur de BD. Je travaillais la ligne, la forme, les compositions, les couleurs par ce prisme-là. Et puis assez tôt dans mes études, j’ai trouvé ça limitant.

Ce revirement est-il lié à des rencontres ?

En 2012, aux Beaux-Arts d’Angoulême, j’ai rencontré Joan Ayrton qui était ma prof et la première personne à m’avoir mis un châssis entre les mains. Plus tard, quand j’étais aux Arts déco de Strasbourg, j’ai assisté Stéphane Calais pour son exposition au MAMCS. À plein de niveaux, il m’a beaucoup inspiré. J’ai compris que la BD pouvait être le pont vers un ailleurs.

Quel est le point de départ de votre proposition à l’artothèque ?

Je pars sur une série plus intime à savoir, mes vacances avec mon épouse dans le sud-est, le Midi. Ça fait deux ans que je découvre cette région. C’est un endroit qui m’attire beaucoup. J’ai pris des milliers de photos. Je reprends des thèmes captés sur place : les pommes de pin, les oliviers, les filets de chantier dans la forêt, les méduses de ma femme, le plongeon dans une piscine,…

Ma peinture est beaucoup plus intuitive avec des huiles sur toile et des acryliques sur papier qui racontent ou plutôt suggèrent une histoire dans une dimension étrange, bizarre, magique, merveilleuse et un peu bucolique.

La peinture à l’huile, c’est nouveau ?

Longtemps, j’ai travaillé plutôt l’acrylique avec des aplats de couleurs et un trait net. Juste après le Covid, j’ai eu envie de quitter le langage graphique de la BD. J’ai fait des choses en volume, j’ai travaillé l’huile de toutes les manières possibles avant de trouver le procédé qui me convenait.

En 2022, j’ai accordé mes violons et préparé une exposition importante qui prenait pour sujet des intérieurs de collectionneurs assez barrés [ « Comme chez toi ! » à la galerie Zidoun-Bossuyt en mai-juillet 2023, NDLR].

Vos influences du moment ?

C’est très vaste. Ça va de Philip Guston à Auguste Herbin, en passant par Fernand Léger, Marsden Hartley, Rebecca Ackroyd, Alice Neel, Sonia Delaunay, Stevie Dix et Thom Trojanowski, Kara Walker, Leonardo Devito ou encore Georgia O’Keefe. J’ai adoré sa rétrospective au Centre Pompidou et particulièrement ses landscapes.

Propos recueillis par Anna Maisonneuve

Information pratiques

« Merveilles zone », Louis Granet,du vendredi 24 novembre au dimanche 17 mars 2023, les arts au mur artothèque, Pessac (33).

Vernissage jeudi 23 novembre, 19h.

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