MIRABELLA – Une pizzeria digne de ce nom au point que les exigeants palais bordelais pourraient traverser la ville jusqu’au quartier des Chartrons ? Ce n’est pas une légende urbaine.

Certes, Bordeaux peut s’enorgueillir de la présence de Bartolo Calderone, maestro sicilien de la panification et patron de Capperi, mais faut-il renoncer à prendre la pizza par le trottoir ? L’équipe déjà à l’œuvre de la brasserie Mirabelle admet sans ambages qu’elle ne compte aucun pizzaïolo né sur les pentes du Vésuve. Ni l’envie d’usurper un savoir-faire ancestral ; ce terrain dégueule suffisamment de gougnafiers.

Au contraire, humilité et apprentissage comme fondements à la pizzeria Mirabella. Et quelques certitudes : farine et levure françaises, huile d’olive grecque premium, sauce tomate transalpine. C’est déjà pas mal et ressemble à un rêve gastronomique européen.

Deux salles, deux ambiances

Ouvert en catimini au printemps dernier, ce mouchoir de poche, niché dans un angle (abritant jadis une… pizzeria tout sauf inoubliable), jouit d’une vue sur une station de tramway et d’un coin de rue, séparant symboliquement Chartrons et Grand Parc. Deux salles, deux ambiances.

Toutefois, comme nous ne sommes venus ni pour les joyaux touristiques ni pour peler de l’ail, autant mettre les pieds dans le plat. Avec sa vingtaine de couverts, sa tomette, sa cuisine ouverte, son four à bois et sa rangée de vermouths, l’adresse plaît d’emblée.

De la stracciatella à la panna cotta en passant par les inévitables pizzas

La carte, elle, se divise entre base tomate, base crème d’Isigny et base épinard. Concision, perfection. Question entrée, ineffables burrata et assiette de charcuterie ne devraient éclipser la stracciatella (8€), déclinée en pesto pistache, éclats de pistaches & noisettes ou crème de tartufata, éclats de noisettes à la truffe. Sans mentir, la deuxième version défonce la glotte avec un inextinguible goût de reviens-y. Une mise en bouche obscène stimulée par une bière au Cynar car quitte à boire, autant bien traiter son foie.

Ce soir-là, Antoinette (thon, câpres, tomates séchées, olives vertes et roquette ; 16 €) est passée à la casserole. Généreuse, cuite à la perfection, une pâte fine comme la plus fine des semoules. Il nostro destino, c’était écrit bambola… Dans un silence religieux, les autres commensaux, eux, terrassaient calzone et consorts.

Des quatre desserts à la carte, la panna cotta à la pistache et éclats de pistaches (5 €) a mis tout le monde d’accord et à genoux. La meilleure de la place ? Sans l’ombre d’un doute ! Ou bien étions-nous l’empire de la liquore all’amaretto (6 €) de la maison Antica Distelleria Quaglia, artisans piémontais depuis 1890 ? On aurait tout autant pu céder à la tentation d’un americano, d’un bellini, d’un negroni ou d’un spritz.

Du vin ? Un voyage des Pouilles aux Abruzzes, de la Toscane à la Sicile, de la Vénétie à l’Ombrie en passant par la Ligurie. Sans oublier chianti et prosecco. Sinon, le plus beau, on peut tout commander.
Marc A. Bertin

Mirabella Pizzeria Chartrons
38, cours Évrard-de-Fayolle, 33000 Bordeaux
Du mercredi au dimanche, 18h30—22h30, fermeture lundi et mardi
Réservations (hyper recommandées) : 05 56 29 12 63 – www.pizzeriamirabella.fr

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