Jacques Jaubert, éminent spécialiste a assuré la direction d’un guide qui se veut exhaustif sur la Préhistoire en Nouvelle-Aquitaine.

Avec ce guide, que souhaitez-vous apporter à la connaissance de la Préhistoire en Nouvelle-Aquitaine ?

À de rarissimes exceptions près, les informations contenues dans ce PréhistoGuide Nouvelle-Aquitaine – l’initiative et l’intitulé en reviennent à l’éditeur – sont connues du milieu archéologique. Ce qui en fait l’originalité, c’est d’abord de les réunir dans un seul et même ouvrage car la plupart des guides régionaux pour la Préhistoire se limitaient au Périgord, voire à la seule région des Eyzies.

La plupart commençaient aussi à dater, et il devenait nécessaire d’apporter une touche d’actualité, de procéder à un lifting documentaire. Ensuite, nous nous sommes rapidement convaincus de ne pas limiter les « entrées » du guide aux seuls sites, musées ou parcs ouverts au public mais d’y insérer les sites majeurs non ouverts au public, ceux dont nos musées regorgent et exposent les vestiges les plus emblématiques.

Et encore plus si l’on précise que, parmi ces sites non ouverts au public, il y a ceux qui ont fait l’objet de fouilles préventives en amont des travaux d’aménagement. En cela, ce PréhistoGuide n’a pas d’équivalent. Nous avons ajouté quelques encarts thématiques pour rythmer les visites. Au total, c’est donc une somme d’informations riches et diversifiées, parfois inédites, parfois plus connues mais déclinées différemment que l’on pourra y découvrir.

La liste des auteurs est impressionnante. Comment avez-vous procédé pour élaborer cet ouvrage ?

Nous avons sollicité les meilleurs connaisseurs, les meilleurs dépositaires des informations que le lecteur y trouvera. La somme compose donc un ouvrage écrit par les spécialistes de chaque site, les conservateurs des musées, les responsables des opérations archéologiques préventives, ce sont eux qui ont été sollicités, mais avec une consigne stricte : être compris d’un amateur de préhistoire qui découvre nos disciplines.

Le moins possible de jargon spécialisé ou alors relayé par un glossaire. Nous avons fait une exception pour quelques parcs ou expositions privées pour lesquelles, là aussi, à la manière d’un guide qui décernerait des étoiles, nous nous sommes laissé aller à un commentaire plus critique mais constructif.

Pourquoi l’intérêt pour la Préhistoire reste-t-il aussi vif aujourd’hui ? 

La quête des origines est ancrée dans l’inconscient de la plupart de nos contemporains qui peuvent y consacrer une part de leurs loisirs, au moins sous forme de visites. Et pour qui échappe à cette définition, la Préhistoire interpelle, suscite questionnements et souvent étonnements. Elle surprend de plus en plus par le haut niveau technique ou artistique atteint par des populations séparées du monde contemporain de plusieurs dizaines de milliers d’années.

Elle impressionne et rend modeste, on ne peut que se laisser entraîner sur le chemin ouvert par les archéologues préhistoriens. La crise climatique y contribue également car elle nous rend nostalgiques du temps où les hommes vivaient en harmonie avec leur environnement, certes en chassant, pêchant, cueillant, mais sans rompre les grands équilibres qui la régissaient.

Ceci jusqu’au basculement néolithique de la Protohistoire et les signes avant-coureurs des temps historiques, des colonisations déstabilisant l’ordre établi menant à la révolution industrielle et à l’Anthropocène et son dérèglement climatique. S’intéresser à la Préhistoire ne doit pas se limiter à un moment de nostalgie, nous devons en comprendre les mécanismes.

Propos recueillis par Didier Arnaudet

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