Le musée restera fermé jusqu’en 2026 afin de permettre une complète transformation sans abîmer les bâtiments existants. Entre temps, les actions hors les murs se multiplient.
Le musée des Arts décoratifs et du Design de Bordeaux (Madd) se refait une beauté. Le lieu culturel, sis dans le magnifique hôtel de Lalande et la prison du XIXe attenante, ferme ses portes pour un longue période, au moins jusqu’à début 2026.
Si l’annonce était connue, le projet de réhabilitation qui doit prendre place dans ces bâtiments de 3 000 m2 un peu moins. Il a été clarifié par le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, Constance Rubini directrice du musée, et les personnes associées à cette transformation, mercredi 6 septembre, lors d’une conférence de presse.
Prendre en compte le contexte patrimonial de Bordeaux
Ce projet de métamorphose « ne veut pas figer les choses, mais bien redonner au bâtiment son caractère d’origine tout en ayant un outil de travail “souple” donnant aux équipes présentes et futures de l’adaptabilité », a expliqué la directrice du musée. Elle prenait la parole dans une salle de conférence aussi belle qu’éphémère puisqu’il s’agissait de l’un des salons du rez-de-chaussée de l’Hôtel de Lalande.
Sous les boiseries — classées en 2018, tout comme le reste du bâtiment, au titre des monuments historiques de France — les grandes priorités des travaux ont été édictées.
Rendre le Madd Accessible à tous les publics
Première urgence : rendre le musée plus performant au niveau thermique pour le guider vers une démarche plus éco-responsable. L’accent est mis aussi sur l’accessibilité du lieu à tous les publics. Ainsi, deux ascenseurs sont prévus à l’intérieur de l’hôtel. Une passerelle sera aussi construite afin de relier physiquement les deux bâtiments et connecter l’ancienne prison, qui va devenir une espace d’exposition à part entière.
Autre changement à prévoir pour le visiteur, l’accueil sera déplacé. Il reste dans la cour, mais sera élargi, près de 70 m2, et sera plus proche du restaurant, qui va subir lui aussi des transformations.
Coût prévu des travaux : plus de 14 M€
Ce travail est porté en grande partie par le cabinet d’architecte Antoine Dufour Architectes, lauréat du concours lancé pour l’occasion. L’architecte Martin Mogendorf œuvre, lui, en particulier sur la partie rénovation énergétique tandis que Bérengère Bussioz a en charge la scénographie intérieure.
Coût total prévisionnel des travaux : 14,14 M€ dont 5,4 financés par la municipalité. La DRAC, la région Nouvelle-Aquitaine, et plusieurs mécènes, dont un particulièrement généreux mais préférant rester anonyme, mettent aussi la main à la poche.
Un parcours entièrement repensé
Les premières images en 3D donnent l’impression d’un musée plus aéré, plus fonctionnel, où le design vient sublimer l’existant. Une belle coquille en perspective qui ne restera pas vide pour autant.
Le parcours de visite va aussi être repensé pour prendre en compte de nouveaux points de vue naissants dans la société. Ce qui donnera par exemple un éclairage différent de la place de la femme dans la société du XIXe siècle.
En attendant les 33 000 œuvres, dont les 3 000 présentes dans le musée avant fermeture, sont à l’abri dans plusieurs dépôts non loin de la Métropole. 500 d’entre elles seront d’ailleurs restaurées d’ici à 2026.
Une programmation hors-les-murs
En attendant que cette « nouvelle page, maddgnifique », comme le souhaite le maire de Bordeaux Pierre Hurmic, ne s’écrive, le musée va-t-il proposer une politique de la chaise vide ?
La réponse semble être négative à la vue de la programmation variée proposée par l’établissement pour les années 2023-2024. Il y a d’abord eu le programme de rencontre du partenaire idéal pour son séant, adopte une chaise. Il y aura aussi des workshops, la série de podcast Sur le fil de la création, produite par Louie Média qui s’apprête à sortir ou encore une résidence tous les mercredis après-midi au Marché des Douves.
Les équipes du Madd sont par ailleurs engagées dans de nombreuses actions à destination des scolaires avec notamment le label 100% EAC. Et d’autres actions et surprises sont à prévoir pour l’année 2024
L’hôtel de Lalande comme vous ne l’avez jamais vu
En attendant, l’Hôtel de Lalande voit son flot de visiteurs se tarir passant de près de 60 000 par an aux dizaines de personnes œuvrant sur ce chantier hors-norme. Toutefois, le principal est ailleurs, jusqu’ici la réalisation des travaux se passe parfaitement. Certaines opérations faisant même apparaître de nouveaux éléments de ces deux bâtiments pleins de surprises.
Si une visite privée vous tente, ne manquez pas de garder un œil sur le site et les réseaux de JUNKPAGE, il se pourrait bien que nous vous emmenions découvrir cet endroit d’exception sous un angle jamais vu…
Guillaume Fournier