Ouf, sauvé ! Le festival Rues et vous tiendra bien une 16e édition bucolique entre les murs de pierre de Rions, malgré le lâchage de la CDC Convergence Garonne. La municipalité a décidé de venir au secours de cette manifestation de rue à taille humaine, unique en son genre.

Était-il possible qu’un des plus jolis festivals de la région, à taille humaine, à la programmation familiale et pointue à la fois, puisse disparaître d’un coup, faute de soutien politique et financier de Convergence Garonne, la communauté de communes qui le portait jusque-là ?

L’histoire retiendra que non, mais il s’en est fallu de peu… La solide association d’habitants La Musaraigne, la structure programmatrice historique VialaRue et le très décidé maire de Rions, Vincent Joineau, tous soutenus par les tutelles (Drac, Département, Région) ont réussi à sauver Rues et vous. Un rendez-vous aux 5 000 festivaliers, pour que résonnent encore entre les murs de pierre du village de bord de Garonne les humeurs artistiques changeantes.

Rues et vous resserrée sur le village

C’est désormais la mairie qui porte Rues et Vous, du moins pour cette édition 2023. Resserrée sur le village, et principalement sur le samedi et dimanche — le vendredi soir, le Tour de France a joué les invités surprise entre Bordeaux et Cadillac, et seulement permis une ouverture en toute intimité —, l’édition ne change pas une formule qui fonctionne depuis toujours. Soit, des places charmantes, des jauges raisonnables, des spectacles de toutes disciplines, une nourriture de qualité (testée !) et des concerts aux accents du monde (EZPZ, Lechapus, Léfésonore, Basandere Trio…).

Un changement notable cette année, le dimanche « sera différent, avec des petites formes dans des parcs et jardins de Rions, dans des cours privées ouvertes par les habitants. L’occasion de découvrir de jolis espaces secrets, de connaître aussi leur contexte, leur histoire », explique Pier Guilhou de VialaRue, qui n’aime rien tant qu’imaginer une programmation en fonction des sites.

Une programmation tous azimuts

Et la programmation alors ? Du tous azimuts, comme d’habitude, de l’émergence et des locomotives de la rue. Place à la jeune génération qui monte avec Maxime Potard (Muerto Coco) et son solo Danser dans mon petit salon sans me poser de questions, interrogation naïve et poétique sur la virilité, qui fait danser les concepts et l’intime.

Dans le registre déconstruction, la Méandre accorde la Sévillane à l’electro dans une puissante opération de déflagration des héritages (Bien parado). Martin Petitguyot, comédien et metteur en scène mastodonte (du Théâtre Group’ à Carabosse, de Fred Tousch aux Burrattini), s’attaque à un autre lourd héritage théâtral dans son Molière, qui dépoussière quelques clichés.

L’humour au rendez-vous

Le P’tit Cirk opte lui pour un décapant humour anglais dans son Dîner pour 1, qui met à table une improbable mamie bourgeoise et son pittoresque majordome lors d’un repas… sans invités. Humour toujours avec With, duo chorégraphique burlesque et acrobatique sur l’amitié. Quant à Alice en habits de lapin blanc, elle s’interroge non sans rire dans La Motivation sur les raisons qui nous poussent à passer tant d’heures de nos vies à travailler.

Dimanche — jour de repos ! — on partira à la suite de Laure Terrier dans Talus, déambulation chorégraphique et poétique, on suivra le formidable orateur Ludovic Füschtelkeit sur les traces historiques de Rions, on découvrira les merveilles de théâtre d’objet de Scopitone et Cie dans les cours secrètes, on écoutera le Bordario Quartet au plus fort du soleil, place bien nommée du Repos. Reste à croiser les doigts pour que l’alchimie tranquille de Rues et Vous se poursuive encore quelques années…

Stéphanie Pichon

Informations pratiques

Rues et Vous,
du vendredi 7 au dimanche 9 juillet,
Rions (33).

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