Sur les hauteurs de Saint-Émilion, Château de Ferrand accueille le musée de la Création franche et l’exposition L’Humble Bic avec une soixantaine d’œuvres réalisées au stylo à bille.

Des œuvres d’art brut dans un château grand cru classé de Saint-Émilion ? De prime abord, la rencontre pouvait paraître déroutante. C’était sans compter les affinités partagées de part et d’autre pour l’expression artistique sous toutes ses formes avec ici une prédilection pour les œuvres réalisées au stylo à bille.

Au sein de la collection du musée de la Création franche, elles font florès. On en compte plus de 1 200 ! Quant au domaine où la sélection prend ses quartiers pour cinq mois, il a été acquis, en 1978, par Marcel Bich, le fondateur du célèbre stylo à bille BIC®. Présidé aujourd’hui par sa fille, Pauline Bich Chandon-Moët et son époux Philippe Chandon-Moët, la propriété abrite également des pièces issues du fonds BIC Art. Sa particularité ? Réunir des œuvres d’art s’inspirant, dans leur forme ou dans leur exécution, des produits Bic.

Au Château de Ferrand : Bic® fait, bien fait

L’exposition baptisée « L’Humble Bic » est née de cette rencontre, de cette collaboration. Elle prend place dans le chai de Château de Ferrand. L’atmosphère y est fraîche et humide. Deux paramètres propices à la vinification et à l’élevage du vin, mais néfastes à la conservation des œuvres d’art.

Pour faire face à ces conditions redoutables, le musée de la Création franche a mis au point des encadrements sur mesure pour protéger les productions de ses 24 créateurs. Certains de ces auteurs sont emblématiques du musée d’art brut en cours de rénovation et d’extension, d’autres, plus confidentiels. Mais tous célèbrent l’incroyable variété générée par cet outil bon marché et démocratique.

Le stylo à bille Bic® nous en fais voir de toutes les couleurs

Emblème de la simplicité, le stylo à bille s’emploie ici seul en monochrome (bleu) ou s’associe à d’autres coloris (rouge, vert, noir). Il se mêle également à d’autres substances (feutre, encre, crayon de couleur, peinture, pastel, mine de plomb) et colonise différents supports : carton d’emballage, papier blanc, calque, quadrillé…

Un grand autoportrait de Karl Beaudelere (récemment à l’affiche de l’iconique Collection de l’Art Brut à Lausanne) côtoie les personnages fantomatiques du Britannique James Lancaster, les villes minutieusement détaillées et ordonnées du Cubain Damian Valdes-Dilla et les succulents portraits de vedettes chipées à la télévision de l’Américain Gene Merritt.

Plus loin, les machineries surréalistes de Jean-Louis Cerisier croisent les profils de trains figurés avec ordre et précision de David Braillon. Ailleurs, les scènes dépouillées de la Brésilienne Marilena Pelosi nous plongent dans un monde thaumaturgique étrange peuplé de femmes.

Certaines tricotent pendant que d’autres subissent les tortures d’intrigants volatiles quand les œuvres abstraites de la Belge Viviane Van Melkebeeke exercent le magnétisme d’un réseau de lettres qui se suivent dans une familiarité indéchiffrable.

Anna Maisonneuve

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