Avec « Chroniques du vivant », le plasticien camerounais Barthélémy Toguo investit jusqu’à la fin de l’été le somptueux chai d’élevage de Château Fleur de Lisse, à Saint-Hippolyte.

Né en 1967 à M’Balmayo, petite ville sur le fleuve Nyong, passé par l’école nationale des Beaux-Arts d’Abidjan, l’école d’art de Grenoble et la Kunstakademie de Düsseldorf, Barthélémy Toguo Tamokoue partage désormais sa vie entre la France et son pays natal. Peintre, vidéaste, photographe, performeur et sculpteur, c’est son sujet qui détermine le choix du medium avec une approche plus ou moins figurative.

De la Biennale de Lyon au Palais de Tokyo, en passant par le Centre Pompidou, la White Box à New York, la Biennale de Venise ou le musée du Quai Branly, son œuvre a depuis intégré de nombreuses collections publiques françaises mais aussi internationales. Les usagers de la ligne 4 du métro parisien connaissent bien sa fresque «Célébrations, créée pour la station Château Rouge.

Une série de douze amphores à Saint-Hippolyte

À l’invitation de Caroline Teycheney, présidente des Vignobles Jade, qui « souhaite accueillir des œuvres d’artistes contemporains, pour leur permettre en toute liberté d’exprimer leur vision de l’univers du vin et laisser libre cours à leur créativité », il a réalisé une série de douze amphores.

« J’ai toujours été sensible aux travaux proches de la céramique ancienne : les vases, les assiettes, etc. L’amphore possède cette particularité de renvoyer esthétiquement à son utilisation technique : conserver son contenu. Anciennement, elles étaient attachées pour de longs trajets à travers la mer ou la route. Cette forme et cette histoire me fascinaient car c’est un objet qui renvoie directement au voyage qu’il a effectué. »

Fascination pour la porcelaine

Après avoir travaillé, en France, à la manufacture de Sèvres, et en Chine, à Jingdezhen — les deux capitales de la porcelaine mondiale —, c’est à Malaga, en Espagne, qu’il a conçu ce corpus dans une matière qui le fascine littéralement depuis 2015. Allégories de formes végétales et humaines, éléments vernaculaires du patrimoine de Saint-Émilion, figure de Bacchus, poissons, prédominance du bleu azuréen, cette proposition opère un singulier dialogue dans l’atmosphère industrieuse du chai comme une présence à la fois contemporaine et pourtant jamais en rupture. Toutefois, cette mise en perspective, au contexte hautement métaphorique, se trouve perturbée par une armée de salamandres, dont l’apparente placidité se joue du regard jusqu’au trouble.

PourConstance Rubini, directrice du musée des Arts décoratifs et du Design de Bordeaux, qui a assuré le commissariat de l’exposition, « le travail de Barthélémy Toguo nous rappelle notre présence dans un monde riche ; un geste a priori contextuel au service d’idées universelles ».

On appréciera également le trait que l’on croirait infini, telle une phrase narrant la cosmogonie merveilleuse du vivant, mais aussi son talent de coloriste inspiré. Sans cesse au service du flux. Au service de la vie.

Marc A. Bertin

Informations pratiques

« Chroniques du vivant », Barthélémy Toguo,
jusqu’au samedi 30 septembre,
Château Fleur de Lisse, 33330 Saint-Hippolyte (33).

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *