Marc Duvignau est régisseur général du Krakatoa, salle de concert de 1 200 places à Mérignac, près de Bordeaux. Un métier qui le met au contact des équipes techniques et de production avec un seul but : assurer un show réussi pour tous.
Une salle de concert est un navire à manœuvrer avec précaution. Une fois la programmation aboutie, encore faut-il amener les dates à bon port, en recueillant le satisfecit du public, des artistes et de l’ensemble des professionnels mobilisés. Et pour y parvenir, le régisseur général est un officier de bord jouant un rôle pivot, opérant à la fois sur la gestion des équipes techniques, mais aussi au niveau de l’accueil des groupes.
Marc Duvignau occupe ce poste au Krakatoa depuis 2009. Cette structure sous régime associatif, reconnue « scène de musique actuelle » (SMAC), est devenue en près de 35 ans une référence de l’agglomération bordelaise. Une réputation née à la fois d’une programmation ambitieuse et d’une qualité sonore et d’accueil sur laquelle Marc veille avec rigueur. Qu’il s’agisse d’une tournée internationale d’un mastodonte où chaque détail est millimétré, ou bien de la réception de formations naissantes à valoriser, le « Kraka » a bâti son nom sur cette qualité d’hospitalité toujours égale et bien éprouvée.
Organisation au cordeau
« Mon boulot, c’est de mettre en œuvre les moyens humains et techniques pour que tout se passe bien », résume Marc. Le pôle régie, qu’il compose avec son attaché de production, est l’interlocuteur de la production du groupe reçu. Tout débute par la transmission d’une fiche technique émise par les équipes des artistes, bien en amont de la date.
Y figurent la disposition de la scène, les moyens techniques nécessaires (lumière, son, électricité) et tous les à-côtés… Une fois ce cadre défini, le régisseur doit déterminer les ressources humaines qu’il devra mobiliser : équipe technique, agents de sûreté et sécurité incendie, moyens pour la restauration des équipes… un panel de compétences piochées parmi les personnels et techniciens intermittents que Marc a rassemblés au sein d’un réseau de confiance.
Ce qui ne l’empêche pas de faire appel à de nouvelles têtes quand ses valeurs sûres sont appelées sur des tournées ou travaillent ailleurs. Ceux-ci doivent aussi cohabiter avec les techniciens des artistes. Le groupe Sisters of Mercy, venu à Mérignac en octobre, drainait par exemple huit techniciens dans sa tournée mondiale. « Un événement qui se passe bien, c’est un événement bien préparé », souligne Marc. Ce qui ne l’empêche pas de vivre 24 dernières heures intenses avant et après la représentation.
Une journée millimétrée
La journée du show est planifiée au quart d’heure près. Entre la réception des artistes, la mise en place technique, les réglages lumières, les balances son, l’instant restauration, la régie générale suit attentivement les événements pour qu’aucun grain de sable ne vienne perturber la montée en puissance vers le concert. D’autant que les dernières heures peuvent faire des coulisses du Kraka un dédale particulièrement bondé quand plusieurs groupes sont à l’affiche un même soir.
Au cœur du management de cette équipe, Marc doit faire circuler l’info : le nerf de la guerre pour que tous tirent dans le même sens, équipes du Kraka et des artistes confondues. Une veille de fond sur l’état du bâtiment (construit en 1963) et du matériel dont la salle est propriétaire est également nécessaire pour éviter tout couac.
De la console au pilotage
« Il faut aimer avoir une vision à 360 degrés de l’événement. Être curieux du métier des autres. » Avant Mérignac, Marc a d’ailleurs eu une première vie professionnelle. Formé chez Adams (ex-3iS) comme technicien du son, il débute dans la sonorisation de groupes bordelais, en tant qu’assistant son au Krakatoa, puis dans la couverture de directs pour Canal+ Sport. Une expérience qui le conduit à s’occuper de grands événements, comme Garorock et sa grande scène, en parallèle du Krakatoa. « On m’a fait confiance à mes débuts et j’ai énormément travaillé. C’est comme ça que j’ai pu monter en compétences. » Aujourd’hui, il enseigne lui-même la régie et coordonne les formations techniques du CIAM (École de musiques actuelles –Centre de formation professionnelle pour musiciens et techniciens du spectacle vivant).
Le Krakatoa ne se limite pas à sa programmation. La structure propose une action culturelle et de médiation dans de nombreux milieux (actions à l’hôpital, jeune public, organisation de boums et de goûters-concerts…). Une pépinière de groupes permet également d’accompagner les jeunes talents dans leur perfectionnement sous différentes formes (résidences, rendez-vous conseil…). Autant d’initiatives qui peuvent requérir l’utilisation de la salle dans des dispositions bien particulières. Et une diversification des missions qui enrichit encore le rôle de la régie du Krakatoa.
Focus Formation
Le métier de régisseur général est une discipline dont les bases sont enseignées dans des établissements publics comme privés. Le LISA d’Angoulême est une porte d’entrée vers les métiers du son, à l’instar du lycée René-Cassin de Bayonne. Mais l’école 3iS et le lycée Saint-Genès La Salle de Bordeaux offrent également des débouchés sur le métier. Les conservatoires d’Angoulême (Gabriel-Fauré) et de Bordeaux (Jacques-Thibaud) disposent également d’un cursus d’ingénieur du son.
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Article issu de notre supplément Guide des Formations 2024 à retrouver en version PDF