Le musée des Beaux-Arts de Bordeaux (MusBA) dévoile son ambitieuse programmation 2024. Soit quatre expositions, de nouveaux espaces et de récentes acquisitions destinées à enrichir les collections.

Une saison impressionniste

Incontournable célébration, le 150e anniversaire de la « Première exposition des peintres impressionnistes », organisée entre le 15 avril et le 15 mai 1874 par la Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs, au 35 boulevard des Capucines, à Paris, chez un certain Nadar, donne le LA avec le prêt exceptionnel de deux chefs-d’œuvre du musée d’Orsay.

Soit Le Balcon d’Édouard Manet et La Cabane des douaniers. Effet d’après-midi de Claude Monet. Le premier, peint entre 1868 et 1869, revêt une valeur hautement symbolique, tant Monet, doyen d’un mouvement dont il ne fit jamais réellement partie, fait à la fois figure de prédécesseur et de référent.

Dans cette toile, on reconnaît Berthe Morisot, muse de Manet, puis sa belle-sœur (elle épousera Eugène, lui aussi artiste mais à la notoriété inversement proportionnelle de son aîné et de sa femme), qui embrassera une très riche carrière de peintre et sera l’une des très rares femmes de l’école impressionniste.

Avec le second, le MusBA récupère une pièce maîtresse laissée en dépôt au Musée national de douanes, actuellement en travaux. Une aubaine tant cette splendeur de 1882, signée par un disciple d’Eugène Boudin, incarne pleinement la maîtrise de la lumière et du paysage par de très fines touches.

Ces deux prêts offrent l’occasion de valoriser l’étendue des collections du MusBA, du pré ou post-impressionnisme, de Jean-Baptiste Corot à Georges Seurat en passant par Auguste Renoir, Mary Cassatt et les Bordelais Louis-Auguste Auguin et Alfred Smith.

Valérie Belin et ses visions silencieuses

Soucieuse d’ouvrir les portes de l’établissement à l’art contemporain, Sophie Barthélémy, directrice du MusBA, a jeté son dévolu sur Valérie Belin, diplômée de l’école nationale supérieure d’art de Bourges en 1988. La plasticienne, qui a eu jadis les honneurs de l’institut culturel Bernard Magrez, à Bordeaux, en 2017, s’empare pour cette vaste monographie (plus de 100 œuvres) de la galerie et du MusBA.

Valérie Belin, Modern Royals, 2020, Portrait of Gaby © ADAGP Paris 2023, Valérie Belin.

Son corpus photographique se divise en deux périodes distinctes. Un travail en noir et blanc, à la chambre, frontal, sur fond neutre, à la limite de l’abstraction, où paradoxalement la figure humaine se désincarne tandis que la nature morte devient organique.

Puis, celle qui revendique ce medium « pour se réapproprier le réel » découvre au mitan des années 2000 le numérique. Sous haute influence de Man Ray, elle utilise alors surimpression, solarisation dans sa nouvelle approche, largement dédiée au portrait féminin.

Une dizaine de photographies a été sélectionnée pour un dialogue avec certaines pièces (Cornelis Norbertus Gysbrechts, Raoul Dufy, André Lhote) des collections du MusBA.

Des photos et des Goya

S’il n’est pas réputé pour son fonds photographique, le MusBA peut s’enorgueillir de ses clichés, acquis principalement depuis 1895 grâce aux dons et aux legs. « Éclairer ce qui est resté dans l’ombre » est un zoom sur Denise Loeb Colomb, Anne Garde, Ruddy Candillon, Jean-Baptiste Huynh, Fatoumata Diabaté et Erik Samakh. L’opportunité inespérée d’apprécier des artefacts méconnus.

La fin de l’année sera espagnole avec un hommage à Francisco de Goya : 20 estampes, lithographies et eaux-fortes du géant ibère sont à la noce pour fêter le 200e anniversaire de son arrivée à Bordeaux, avec notamment le mythique Combat de taureaux (1825). Une espèce de mise en bouche avant le bicentenaire de sa disparition en 2028.

Enfin, au sein de l’aile Bonheur, le MusBA conçoit deux nouvelles propositions — Les Réalismes et Les Expérimentations formelles —, dévolus à ses collections de la première moitié du XXe siècle, où l’on retrouve une peinture et trois dessins du bordelais Jean Dupas (1882-1964), dont le stupéfiant Architectures métaphysiques (1945) sous haute influence de Chirico.

Marc A. Bertin

Le calendrier en détail

  • « Saison impressionniste (1874-2024) »,
    du mercredi 6 mars au lundi 10 juin,
    aile Bonheur, musée des Beaux-Arts, Bordeaux (33).
  • « Les visions silencieuses », Valérie Belin,
    du mercredi 24 avril au lundi 28 octobre,
    galerie et musée des Beaux-Arts, Bordeaux (33).
  • « Éclairer ce qui est resté dans l’ombre »,
    du vendredi 21 juin au lundi 28 octobre,
    salle des Actualités, musée des Beaux-Arts, Bordeaux (33).
  • « Hommage à Goya (1824-2024) »,
    mi-décembre 2024 à mi-avril 2025.

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