Olivier Debelhoir, artiste fidèle de la manifestation cubzagaise, revient avec un numéro de funambule barré et bavard dans le cadre du festival Péripé’cirque. Au milieu de tentes Quechua®, avec feu de camp et pop-corn.

La première fois qu’Olivier Debelhoir a planté sa tente, ou plutôt sa yourte, au Champ de Foire, à Saint-André-de-Cubzac, c’était avec Un soir chez Boris. Nous étions en 2016. En trappeur des villes goûtant l’absurde et le détournement des conventions, il invitait le public autour d’un âtre virtuel pour un tour de parole équilibriste avec accordéon, chanson, têtes de sanglier empaillées et bric-à-brac hétéroclite.

Depuis cette première création, le festival Péripé’cirque, rendez-vous cirque de la Haute-Gironde qui se décale pour la première fois au printemps, du 18 avril au 7 mai, n’a raté aucune des pièces de ce drôle d’artiste, sorte de croisement entre un Quentin Dupieux funambule et un Tati en déséquilibre.

Sur un fil, une échelle ou un vélo acrobatique

Peu importe qu’il se balance sur un fil ou une échelle, depuis un vélo acrobatique, à 30 cm ou 12 m du sol, avec accordéon ou paire de skis. Pourvu que ce faisant, il puisse parler, partager ses pensées et divagations, dérouter.

Avec L’Ouest loin, créé en 2017, il quittait la yourte pour monter en haut d’un escabeau, s’aventurant sur une poutre de bois précaire, skis aux pieds… Après quelques notes de SOS de Balavoine, il commentait en direct ses peurs, ses errements, ses solitudes, non sans rameuter Nadia Comaneci ou Sisyphe. Un petit bijou concis et tremblant.

Depuis, le cowboy funambule barbu n’est plus si lonesome. Son arpentage des fils et autres échelles se fait désormais à deux ou à plusieurs, non sans le soutien du public. Une pelle, donc, créé en 2022 et présenté cette année dans Péripé’cirque, plante un petit campement de tentes (celles dans lesquelles il dort avec son équipe) en plein air.

Ascension oblique de 45 mètres de long

Quant à son fil, il ne se tire pas entre deux hauts points au-dessus du vide, mais part du point zéro, le sol, pour une ascension oblique de 45 m de long, jusqu’à l’arrivée à 10 m au-dessus du niveau de la mer. Adossé à lui, un comparse non-équilibriste s’essaye à cette montée fragile, partageant un espace sonore et des pensées sur les sensations et les doutes.

Au sol, deux hommes s’affairent à faire du feu, ou tenter une animation musicale, non sans que Debelhoir interpelle le public depuis son perchoir, pour demander de ramasser du bois et de mettre la main à la pâte. Un truc inclassable où le raté dérape vers le poétique, où on ne situe jamais ce qui appartient au prévu ou à la magie de l’instant.

L’artiste ayant depuis ajouté à son répertoire un tout nouveau duo, le Champ de Foire ne pouvait que l’accueillir, sûr ainsi de n’avoir rien raté de l’œuvre « d’un Ours » (le nom de sa compagnie). Ce sera en octobre prochain, avec Tombouctou, joué avec son père, pas du tout circassien, mais médecin de métier.

Une autre histoire d’intime, de sensations, de souvenirs, notamment ceux de Pierre, fils de paysan, marqué par les funambules de son enfance, qui s’installaient dans son village des Deux-Sèvres. Des décennies plus tard, le voilà qui s’aventure à 12 m du sol, s’essayant lui aussi à la parlote équilibriste, qui fait depuis quinze ans la singularité artistique de son fils.

Stéphanie Pichon

Informations pratiques

Une pelle, Cie d’un Ours,
vendredi 3 mai, 19h, et samedi 4 mai, 20h,
Commune de Val-de-Virvée (33).

Péripé’cirque, Cirque de paysages et de récits en Haute-Gironde,
du jeudi 18 avril au mardi 7 mai,
Le Champ de Foire, Saint-André-de-Cubzac (33).

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