FESTIVAL INTERNATIONAL DES ARTS DE BORDEAUX MÉTROPOLE – Après deux années covidées, le « FAB » retrouve l’espace public sans contraintes du 1er au 16 octobre 2022. International toujours, pluridisciplinaire, il accentue plus que jamais son ancrage dans l’espace public, et dessine une carte de propositions au fil de l’eau. Sylvie Violan, sa directrice artistique, en dessine avec nous les contours.
Propos recueillis par Stéphanie Pichon

Après deux années marquées par la pandémie, cette 7e édition du «FAB» s’ouvre sans menace sanitaire. Cela change- t-il l’approche et le contenu de la manifestation ?

Même si le festival a toujours pu avoir lieu, nous avons été contraints les deux dernières années, notamment sur les jauges. On a dû se battre pour que les choses aient lieu. Donc, oui cette année, c’est plus détendu et, surtout, on sent le retour du public . Les réponses pour les projets participatifs ou pour devenir bénévole ont été très rapides. On a déjà fait le plein ! On sent un enthousiasme et une adhésion.

Il y a effectivement beaucoup de projets participatifs, est-ce un axe que vous développez ?

Cela a toujours été présent dans le FAB, depuis le premier jour du premier acte avec les Dominos activés par 400
bénévoles ! On a toujours Panique olympique d’Agnès Pelletier , qui est là depuis 2018, et qui est bien parti pour
aller à Paris pour les JO 2024 . Mais il est vrai que notre investissement de l’espace public cette année a développé ce genre de projets.« Ce qui m’intéresse c’est voir comment l’art dialogue avec les espaces ruraux, urbains, périurbains, comment il les transforme. »

Le tropisme espace public était présent dès les débuts du FAB, mais on sent cette année une ligne renforcée, et une tendance à quitter un peu les salles.

Faire des propositions dans l’espace public était une volonté dès le départ, même si on a été dans une transition douce, pour respecter l’héritage de Novart et travailler avec les salles de la métropole. Le FAB a toujours conjugué les deux, mais avec la volonté d’aller toujours plus dans l’espace public, urbain comme naturel. Ce virage a été freiné par la pandémie, mais on le retrouve de manière plus forte cette année. Ce qui m’intéresse c’est voir comment l’art dialogue avec les espaces ruraux, urbains, périurbains, comment il les transforme. C’est ça le cœur du FAB. Aujourd’hui, on y est vraiment. Je me suis inspirée de la carte hydrographique de la métropole, de la Garonne et ses affluents, pour positionner les spectacles, questionner l’habitat et le rapport à la nature en ville.

Une sculpture mobile de Theo Jansens – crédit Stephanie Riquois

Un des événements phares de cette édition, c’est l’exposition des sculptures mobiles de Theo Jansen. Pourquoi l’inviter ici, loin des plages de la mer du Nord où ses « bêtes » évoluent ?

Pour moi, c’est un rêve de l’avoir ! Nous sommes nombreux à l’avoir connu par ses vidéos, où on voit ses animaux courir sur ces plages du Nord qui ressemblent à nos plages de Gironde. Je suis allé à sa rencontre à La Haye. Le dialogue a été fructueux ! Il m’a dit qu’il ne voulait plus bouger, ni prendre l’avion, qu’il ne voulait plus non plus que son travail soit considéré comme de l’événementiel. Cependant, il a encore envie de faire reconnaître son œuvre, qui, depuis trente ans, construit une généalogie, une cosmogonie de bêtes avec différentes branches. Au FAB, nous aurons dix bêtes dans le jardin de l’hôtel de ville, en plein air, jusqu’en janvier. Dans le musée des Beaux-Arts seront aussi exposés de dessins, des maquettes. Theo Jansen viendra donner une conférence au CAPC et un atelier à des étudiants.

D’autres artistes s’installent aussi dans l’espace public durant tout le festival : les compagnies Red Herring et Le Phun.

Il y a aussi le spectacle Racines qui jouera en série à quatre endroits différents. Mais, effectivement Le Phun donnera des rendez- vous réguliers avec Les Pheuillus, qui relèvent plus de l’installation que du spectacle. Ce sont des personnages un peu hybrides, mi-homme, mi-végétal, qui se cachent et vont sortir progressivement de la forêt rive droite, pour se rapprocher de Bordeaux. Red Herring est une compagnie britannique, qui s’intéresse aux oiseaux siffleurs. Ils organisent des ateliers, des conférences, des balades en forêt et s’installent une semaine au bois du Bourgailh à Pessac et une semaine à parc du Bourdieu à Saint- Médard-en-Jalles.

Installation Les Pheuillus de la compagnie Le Phun – crédit LizarrietaKepaEtchandy-Ibaifoto

Cette année, nul focus thématique ou géographique…

J’aime bien ne pas m’obliger à ça ! Nous avons déjà eu un focus Moyen-Orient, Afrique du Nord et, l’an dernier, Liban… D’ailleurs l’an prochain, il y aura un focus suisse ! Et puis, il y a eu des années thématiques avec « Paradis » ou « Héros ». Là, je suis plutôt partie sur l’espace public, l’eau et les nouvelles géographies qu’elle dessine.

Le FAB est né d’une volonté politique des municipalités de Bordeaux et de Saint- Médard, il y a 7 ans. Qu’en est-il aujourd’hui des relations avec l’équipe de Pierre Hurmic ? On se souvient d’une interview dans JUNKPAGE, où Dimitri Boutleux, adjoint à la culture, laissait planer le flou sur l’avenir du FAB.

Le FAB est complètement aligné avec la feuille de route de la Ville, beaucoup plus qu’avec la précédente, paradoxalement. On est même un peu libérés de certaines contraintes liées à l’héritage de Novart. On a reçu un appui enthousiaste du maire et des équipes. Je crois qu’ils avaient besoin en arrivant de comprendre ce qu’on faisait. Aujourd’hui, on s’apprête à signer une convention pluriannuelle, ce qui constitue un vrai engagement.

Après les années Voiture qui tombe et Magic Mirror, pas de QG du FAB cette année…

Le QG a été arrêté avec le Covid et pour l’instant on n’est pas reparti sur cette idée. C’est un gros investissement, et on a préféré mettre nos moyens ailleurs, pour aller dans les quartiers, investir l’espace public, aller à la rencontre des habitants. Toutefois, cela n’empêchera pas les fêtes ! Il y aura deux FABoums : l’une allée Serr pour l’ouverture, le 2 octobre, l’autre, en clôture, à la Fabrique Pola, le 15 octobre.

FAB, Festival international des Arts de Bordeaux Métropole
Du samedi 1er au dimanche 16 octobre
fab.festivalbordeaux.com

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