Depuis 10 ans, le marché de la bande dessinée et du manga explose en France. Un boom économique qui s’accompagne d’une multiplication des filières de formation en Nouvelle-Aquitaine et en particulier à Angoulême.
85 millions. Ce chiffre gigantesque n’est pas une projection de la population de la France en 2100 mais le nombre d’exemplaires neufs de bande dessinée (BD) et manga vendus en 2022 selon une étude du groupe GFK. Le tout pour un chiffre d’affaires de 920 millions d’euros. Cette section du marché de l’édition a doublé en l’espace de 10 ans représentant aujourd’hui près de 25% des ventes en matière de volume en France, juste derrière la littérature générale.
Derrière ces chiffres rutilants se cache aussi un autre dynamisme, celui de la formation. Offrant des débouchés multiples, de coloriste à éditeur spécialisé, le 9e art à la cote en ce moment et cela se ressent particulièrement en Nouvelle-Aquitaine. Premier exemple avec l’Université Bordeaux Montaigne : elle propose à ses étudiants une formation intitulée « Bande dessinée : édition, théorie et critique ». Un enseignement « unique en France combinant formation à l’édition et à la recherche sur la bande dessinée », selon le site de l’Université. Avec un programme varié allant de cours sur l’histoire de la BD à l’analyse d’images.
Angoulême, capitale de la bande dessinée
La région est aussi un bastion pour les professionnels du secteur puisque 13% des auteurs, illustrateurs et scénaristes de France vivent en Nouvelle-Aquitaine selon les chiffres communiqués par la Région en 2020. Avec un point névralgique, Angoulême.
Rien de plus normal quand on sait que la capitale charentaise a fondé une partie de sa renommée sur cet art. Avec pour joyau de la couronne : le Festival International de la Bande Dessinée dont le rayonnement est mondial. Citons aussi la Cité internationale de la BD à la programmation proactive et les multiples autres équipements culturels destinés au 9e art. Un bouillonnement qui se ressent aussi au niveau des formations.
“1 500 et 2 000 personnes qui travaillent dans ce secteur”
« À Angoulême, il y a quarante studios d’animation, entre 1 500 et 2 000 personnes qui travaillent dans ce secteur, à peu près 200 auteurs de BD, le festival de la BD… Il y a toute une attractivité et un pôle qui est très fort autour de l’image en général », comme l’explique Alexandre Maubaret, responsable de l’établissement d’Angoulême de l’école d’art privée Émile Cohl.
Historiquement basée à Lyon, l’école a ouvert il y a seulement deux ans un nouveau site à Angoulême. Une destination cohérente et attractive pour l’école mais surtout pour les étudiants côtoyant ainsi le milieu professionnel qu’ils aspirent à rejoindre.
Conscient de cet attrait, les pouvoirs publics ont même créé une structure permettant de promouvoir cette filière et de lui donner plus de visibilité, le pôle image Magelis. Une entité regroupant la Région Nouvelle-Aquitaine, le Département de la Charente, GrandAngoulême et la Ville d’Angoulême. Depuis 1997, le pôle met en œuvre le rayonnement de la filière image au sens large (animation, bande dessinée, jeu vidéo…) et aide les entreprises et les écoles à venir s’installer sur place. L’arrivée récente de l’école Émile Cohl est un bon indicateur de son activité puisque les responsables ont échangé avec le pôle Magelis avant d’acter la destination de leur nouveau campus.
Au total, le pôle Magelis revendique ainsi « 15 écoles spécialisées d’enseignement supérieur du Campus de l’image » formant « près de 2 000 étudiants aux différents métiers de la filière Image », comme on peut le lire sur son site internet.
Un doctorat unique en France
Dans cette foisonnante proposition, la BD est représentée dans toute sa diversité avec des formations pratiques variées. Citons ainsi la Human Academy, prestigieuse institution japonaise, qui a ouvert en 2015 une école dans la ville avec notamment un programme professionnalisant en 3 ans dédié au manga.
Autre spécificité pour les étudiants, la possibilité de pouvoir poursuivre leurs études jusqu’au master et même jusqu’au doctorat ! En effet depuis, 2016, l’École européenne supérieure de l’image (ÉESI) propose une formation unique en France, un doctorat de création en bande dessinée en partenariat avec l’Université de Poitiers. Une formation qui vise à former « des auteurs chercheurs » selon les mots du directeur général de l’ÉESI, Marc Monjou.
« L’idée est de mixer les recherches. Le côté graphique, artistique d’une part et académique, scientifique de l’autre. Le tout pour arriver chez les étudiants à un niveau d’expertise assez inédit », détaille-t-il.
Un chemin universitaire qui peut mener à des horizons variés : devenir auteur bien sûr mais aussi accéder à des fonctions dans le monde de l’édition, dans des musées d’arts graphiques ou même poursuivre une carrière universitaire en postulant à des postes dans différentes grandes écoles et universités. Preuve supplémentaire s’il en fallait que l’univers de la BD continue de grandir pour s’imposer comme un champ majeur du monde de l’édition en France.
Guillaume Fournier
Article issu de notre supplément Guide des Formations 2024 à retrouver en version PDF
Focus sur d’autres formations possibles
Le secteur de la bande dessinée étant très large, les métiers et les formations qu’il englobe le sont aussi. De fait, le parcours d’un traducteur n’est pas le même que celui d’un dessinateur. Pour mieux appréhender cette diversité, direction le site internet du pôle Magelis qui regroupe de nombreuses informations sur le sujet. D’autres établissements universitaires de la région comme l’IUT métiers du livre et du patrimoine de l’Université Bordeaux Montaigne sont aussi à explorer.