Édition anniversaire pour les rencontres cinématographiques la classe ouvrière c’est pas du cinéma, manifestation organisée par l’association Espaces Marx Aquitaine Bordeaux Gironde. Claude Darmanté, coordinatrice, nous en dit plus sur les cols bleus à l’écran.

À l’origine ?

Une petite cellule de trois personnes se questionnant sur la représentation de la classe ouvrière au cinéma mais aussi dans le documentaire. Quelques projections/débats organisées en semaine. Des enseignants impliquant leurs instances syndicales et un ouvrage de référence L’Écran bleu. La représentation des ouvriers dans le cinéma français, de Michel Cadé, publié en 2000, fondamental pour ce premier cercle de réflexion. Et la volonté de porter un regard distancié, notamment sur la fiction. La classe ouvrière ayant été longtemps représentée de manière archétypale ou tout simplement absente.

Qui la regarde le mieux : le cinéma ou le documentaire ?

Les choses ont beaucoup évolué, y compris lors des deux dernières décennies. La fiction a ainsi renoué avec des personnages principaux ouvriers. En outre, le regard est plus complexe, surtout dans le documentaire. Les productions de jeunes réalisateurs tels Hassen Ferhani, je pense à 143 rue du Désert (2019), montrent un soin dans l’écriture, une attention aux personnages. Un travail plus en phase avec son époque.

Des Amériques latines à l’Afrique du Sud, en passant par Israël, on voyage beaucoup au gré des luttes…

…l’idée est de montrer la représentation au travail, dans les engagements, mais aussi dans le quotidien. Effectivement, nous avons à cœur une ouverture au monde la plus large possible. Les histoires, les points de vue sont certes variés, mais les dénominateurs souvent communs. L’éloignement supposément géographique ne constitue pas un handicap aux regards singuliers. Le programme, conçu par l’équipe, se nourrit d’un choix de journées thématiques qui, à l’arrivée, se font écho.

On note une journée « Le travail de fin de carrière : quels enjeux ? », un sujet plus que sensible depuis l’application, en septembre 2023, de la nouvelle loi sur la réforme des retraites.

En partenariat avec le département hygiène sécurité et environnement de l’université de Bordeaux, nous menons cette journée de réflexion consacrée à une question cruciale et désormais transversale à toutes les catégories de travailleurs. On a en tête la pénibilité liée au bâtiment, à la manutention, mais aujourd’hui, les pathologies touchent tout le monde. Beaucoup arrivent à l’âge de la retraite en très mauvaise santé car l’impact des conditions dégradées de travail est de plus en plus prononcé.

Qu’est-ce qui a motivé le focus consacré à Jean-Luc Godard ?

Le désir profond de montrer les films de sa période militante, au sein du Groupe Dziga Vertov, avec Jean-Pierre Gorin et Anne-Marie Miéville. Une période méconnue, occultée. Les films sont enfin restaurés, visibles et disponibles pour diffusion. Une forme de commémoration également après sa disparition en 2022. Enfin, cela fait lien avec notre préambule du 20 janvier dédié à l’ouvrage Vidéoactivismes : contestation audiovisuelle et politisation des images, d’Ulrike Lune Riboni maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication à Paris 8.

Pourquoi avoir noué des partenariats avec certaines librairies ?

Dès le départ, elles étaient présentes, proposant une sélection en accord avec nos thématiques. On lit beaucoup avant d’établir la programmation des Rencontres et l’on souhaite que la réflexion se poursuive sur un autre support. Nous organisons des événements réguliers à La Machine à lire, nous participons à des manifestations littéraires. Quoi de plus normal ?

Prochain objectif : les 40es Rencontres ?

Chaque édition est une aventure. On propose puis on tire le bilan. Continue-t-on ? Sous quelle forme ? Il n’y a aucune certitude. On espère surtout le retour, les retours du public pour savoir où aller et comment ? Il est inutile de perdurer pour le simple plaisir de perdurer. On avance pas à pas. On partage, c’est l’essentiel.

Propos recueillis par Marc A. Bertin

Informations pratiques

20es Rencontres cinématographiques la classe ouvrière c’est pas du cinéma,
du mardi 13 février au dimanche 18 février,
Cinéma Utopia Saint-Siméon, Bordeaux (33).

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