Le MusBA l’affirme haut et fort : « L’art est un jeu d’enfant », coup de jeune en perspective pour sa nouvelle saison.

Il va falloir s’armer de patience avant de découvrir la prochaine exposition du musée des Beaux-Arts de Bordeaux En effet, « Sage comme une image ? L’enfance dans l’œil des artistes 1790-1850 » n’ouvrira ses portes au public que le 10 juillet ! Une date tardive certes, mais liée à la conception de ce projet partagé avec le musée de Tessé, au Mans, qui en a la primeur puisqu’il s’y tiendra du 14 février au 8 juin.

Ce début du XIXe siècle, considéré « comme un angle mort pour l’histoire de l’art » selon Sophie Barthélémy, directrice du MusBA, est pourtant d’une rare fécondité tant pour les arts que pour l’histoire politique et sociale française. Se succèdent, pour mémoire, la Première République (1792-1804), le Premier Empire (1804-1815), la Restauration (1814-1830), la monarchie de Juillet (1830-1848).

Rousseau, Guizot, Falloux

Ces décennies verront ainsi la loi Guizot, en 1833, qui rend obligatoire une école de garçons dans toute commune de 500 habitants, et la création d’une école de filles dans toute commune de 800 habitants ; la loi du 22 mars 1841 sur le travail des enfants, la première réglementant le « Travail des enfants » travail des mineurs en France, qui interdit, notamment, le travail au-dessous de l’âge de 8 ans ; et la loi Falloux, promulguée le 15 mars 1850, portant sur l’instruction publique.

Toutefois, le regard porté sur l’enfance a subi un changement radical après la publication de l’ouvrage Émile ou De l’éducation par Jean-Jacques Rousseau, en 1762. Fini les représentations juvéniles uniquement circonscrites aux sujets religieux et autres allégories : l’enfant devient une figure à part entière. Dès la fin du XVIIIe siècle, à nouvelle perception, nouvelle iconographie.

Arts académiques et daguerréotypes

Le parcours chrono-thématique, qui occupera toute la galerie des Beaux-Arts, s’appuie sur des œuvres provenant de collections publiques et privées françaises, avec force prêts d’établissements du Grand Ouest (musée des Beaux-Arts de Libourne, musée des Arts décoratifs et du Design de Bordeaux, musée d’Aquitaine, musée Goupil, musées d’Art et d’Histoire de La Rochelle, musée Bernard d’Agesci de Niort) et un florilège de prêts exceptionnels du musée du Louvre.

En outre, les arts académiques dialoguent avec LE medium émergent de ce nouveau siècle : la photographie — le procédé du daguerréotype, inventé en 1835 par Louis Daguerre, étant présenté, le 7 janvier 1839, à l’Académie des sciences. 

Œuvres incontournables, méconnues ou inédites

Face aux incontournables (Eugène Delacroix, Théodore Géricault, Anne-Louis Girodet, Jean-Auguste-Dominique Ingres, Camille Corot, Pierre-Jean David d’Angers, James Pradier ou encore Honoré Daumier), l’exposition met en avant des artistes souvent méconnus parce que femmes ou éloignés des cercles parisiens (Auguste de Châtillon, Jeanne-Élisabeth Chaudet, Sophie Feytaud-Tavel), ainsi que des œuvres inédites, peu présentées ou fraîchement restaurées. 

Jeanne Elisabeth Chaudet-Husson (1767-1832). Paris, musée du Louvre. RF 706.

« Sage comme une image ? L’enfance dans l’œil des artistes 1790-1850 », c’est aussi et surtout l’occasion de s’interroger sur les représentations de ces bouillonnantes décennies, de questionner, deux siècles plus tard, les préjugés, de savoir si l’œil de 2025 s’y reconnaît encore. 

En préambule, récits d’enfance à voir et à écouter

Du mythe de l’innocence hérité des Lumières à l’enfant soldat, des princes maudits aux orphelins, des travailleurs (les petits Savoyards) aux génies en passant par une grande galerie de portraits (peints, sculptés ou photographiés) ou encore l’école (une sélection de savoureuses lithographies signées Honoré Daumier), cet accrochage sous l’ombre tutélaire de Victor Hugo et du duc de Bordeaux (un prêt du musée Carnavalet) invite à une fascinante (re)découverte.

Dernier point et non des moindres, en préambule, la salle des Actualités, aile Lacour, proposera « Récits d’enfance. Une exposition à voir et à écouter » du 13 juin au 2 décembre, réalisé par le service des publics, riche d’une cinquantaine d’œuvres puisées dans la collection permanente du musée. Sources de souvenirs et de rêveries poétiques, elles ont inspiré patients et soignants du centre hospitalier de Cadillac (hôpital de jour et CATTP de Villenave-d’Ornon) et seniors de l’EHPAD Grand Bon Pasteur. Dans le cadre des actions hors les murs du musée, ils ont ainsi partagé leurs meilleurs souvenirs d’enfance, lors d’ateliers d’écriture et de pratique artistique.

Informations pratiques

« Sage comme une image ? L’enfance dans l’œil des artistes 1790-1850 »,
du jeudi 10 juillet au lundi 3 novembre,
galerie des Beaux-Arts de Bordeaux, Bordeaux (33).

« Récits d’enfance. Une exposition à voir et à écouter »,
du vendredi 13 juin au mardi 2 décembre,
Salle des Actualités, aile Lacour, MusBA, Bordeaux (33).