PIERRE-EMMANUEL BARRÉ – Déconseillé aux moins de 16 ans, son nouveau spectacle annonce la couleur. Plus méchant que jamais alors que s’annoncent des échéances électorales majeures, le comédien en a gros sur la patate et, comme on s’en doute, rien ne sera intériorisé. Il sera sur la scène de l’Entrepôt du Haillan, le 8 mai, pour vider son sac, dans le cadre du très fourni festival des arts moqueurs Les Cogitations.
Ne surtout pas se fier à son sourire bonhomme. C’est un hachoir bien menaçant que l’humoriste Pierre-Emmanuel Barré serre dans sa main sur les photos promo de son nouveau spectacle baptisé Pfff… En plus de dix ans de scène, télévision, radio et plus récemment vidéos en ligne, le public a pu vérifier sa capacité à s’en servir avec gourmandise. Politiques, liquidateurs du climat, faux-culs médiatiques, flics… la brochette des scalps qu’il accroche à son ceinturon dans son safari 2022 est épaisse. Après avoir cartonné au printemps 2020 avec ses 59 vidéos de confinement sur YouTube, l’autoproclamé « sale con » revient sur scène pour tirer à vue des cibles fraîches. Pour le plus grand plaisir des amateurs d’humour noir garanti sans filtre.
Que cache ce Pfff…, titre de votre dernier spectacle : de la résignation ou de la colère ?
Rien de tout ça, c’est parce que je suis visionnaire. Je sais que quand les gens vont sortir de la salle, ils vont se dire : « Ouais… Pfff… » Au début, ça devait s’appeler On rembourse pas, mais c’était trop clivant.
Chroniques télé et radio, vidéos en ligne, interviews fouillées dans des magazines, vous êtes un touche-à-tout, mais que vous offre de plus la scène afin de parler de votre époque ?
Eh bien, principalement de l’argent, puisque je ne fais plus de chroniques télé, ni radio et que les vidéos en ligne sont gratuites. Ça n’a l’air de rien, mais l’argent, c’est bien pratique quand on veut acheter du jus de pomme, par exemple. J’adore le jus de pomme. D’ailleurs, s’il y a des lecteurs qui aiment bien mes vidéos, je les encourage à bouger leur cul et à venir voir mon spectacle ou à acheter mon livre1 comme ça je pourrais continuer à faire des vidéos et à boire du jus de pomme, bande de crevards.
Après le lancement avorté de votre spectacle, initialement prévu pour début 2020, en quoi la crise du Covid a-t-elle fait évoluer votre écriture ?
Oui, c’était vraiment une excellente idée de lancer une tournée en mars 2020, merci de me le rappeler, j’avais oublié. J’ai aussi eu l’excellente idée de me lancer dans un journal de confinement quotidien qui devait durer 14 jours et qui finalement a duré 58 jours. C’est presque lassant, toutes ces excellentes idées.
Votre spectacle évolue avec l’actualité. En ce printemps 2022, qu’est-ce qui vous agace au plus haut point ?
Ah ben en ce moment, en trucs agaçants, il y a la présidentielle [interview réalisée le 15 mars, NDLR] ! D’ailleurs, j’ai eu l’excellente idée de me lancer dans un journal de campagne, malheureusement, je suis le seul Français à m’intéresser à l’élection. Faut vraiment que j’arrête les excellentes idées.
« J’ai eu l’excellente idée de me lancer dans un journal de campagne, malheureusement, je suis le seul Français à m’intéresser à l’élection. »
Qu’est-ce qui vous sépare de Kev Adams ?
J’ai un bon coauteur.
La Gironde et Bordeaux vous évoquent-ils de bons souvenirs ? Ou bien des clichés épineux ?
Je vous dirais bien que je n’ai que des bons souvenirs de Bordeaux, mais pour être tout à fait honnête, je n’en ai absolument aucun souvenir, j’ai trop bu à chaque fois. Je ne suis même pas sûr d’y être déjà allé alors que j’ai joué au moins vingt fois là-bas. Si ça se trouve, j’ai serré la main d’Alain Juppé. Heureusement que je n’ai aucun souvenir.
On vous a vu amateur de vin durant le confinement : Sauternes, Saint-Émilion ou Pessac Léognan ?
Pfff, c’est fini tout ça. Maintenant, je suis papa, je bois du jus de pomme. Je ne peux pas me réveiller à 6 heures du matin pour chanter Ainsi font font font les petites marionnettes avec la gueule de bois. Au départ, je voulais juste éjaculer, mais ça a mal tourné. Le pire dans tout ça, c’est qu’à ma prochaine date à Bordeaux, je risque de me souvenir d’Alain Juppé.
« Je n’essaye absolument pas de me faire détester, j’ai choisi un métier qui consiste littéralement à écrire des textes pour faire rigoler des gens ! »
Quel plaisir tire-t-on à tout faire pour se faire détester, l’un des fantasmes contemporains ?
Mais je n’essaye absolument pas de me faire détester, j’ai choisi un métier qui consiste littéralement à écrire des textes pour faire rigoler des gens ! S’ils me détestaient, ce seraient vraiment des gros cons. Après, y en a sûrement qui me détestent, hein. Je ne suis pas en train de vous dire que les gros cons n’existent pas.
En ce moment, qui vous fait rire, volontairement ou à ses dépens ?
Je ne regarde pas beaucoup de séries, mais j’ai adoré le livre de Pierre- Emmanuel Barré — En route ! Mon projet pour sauver la France —, c’est un programme électoral avec des blagues et des propositions sérieuses. Comme le programme de Valérie Pécresse, avec les propositions sérieuses en plus.
Mode d’emploi à destination de votre public, comment faire pour ne pas être pris individuellement pour cible durant l’un de vos spectacles ?
Alors ça, vous pouvez y aller, ça ne risque rien. Je ne prends jamais les spectateurs pour cibles. D’abord parce qu’ils ont payé pour voir un spectacle, et surtout parce que si le spectateur en question est plus marrant que moi, les autres voudront se faire rembourser. Et terminé le jus de pomme.
(1) En route ! Mon projet pour sauver la France, Éditions Marabout.
Pfff…, une conférence écrite par Pierre-Emmanuel Barré et Arsen
Dimanche 8 mai, 21h, l’Entrepôt, Le Haillan (33) COMPLET !
www.lentrepot-lehaillan.com
www.pebarre.com
DÉCAPEURS EN SERIE
Le festival des arts moqueurs Les Cogitations accueille une batterie d’humoristes triés sur le volet, du 3 au 15 mai, à l’Entrepôt du Haillan. Audrey Vernon, Thomas VDB, Guillaume Meurice, Aymeric Lompret, Christophe Alévêque, Stéphane Guillon, Haroun… le plateau permettra d’allégrement « co- giter » au lendemain de la présidentielle, après deux ans de reports contraints pour la manifestation girondine. Rire et réfléchir, un alliage fondu également par les dessinateurs de presse (Urbs, Cami, Visant, Delambre et Lindingre) qui passe- ront faire un tour au festival.
Les Cogitations, festival des arts moqueurs
Du mercredi 3 au dimanche 15 mai, L’Entrepôt, Le Haillan (33)
www.lentrepot-lehaillan.com
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